La 25ème conférence de l’ONU sur les changements climatiques “COP 25” s’est ouverte, lundi 2 décembre à Madrid, avec la participation de 200 pays représentant les différents continents du monde dont l’Afrique, qui semble bien déterminée, cette année, à faire entendre sa voix.
Le groupe des négociateurs africains vient de formuler une demande spéciale visant à reconnaître l’Afrique comme étant un continent à besoins et circonstances spécifiques.
“Les pays africains réclament aujourd’hui un statut particulier au même titre que les pays les moins avancés et les petits Etats insulaires reconnus, par l’accord de Paris, comme les régions les plus affectées par les dérèglements climatiques”, explique à l’agence TAP, Mohamed Zmerli, Point focal de la Tunisie pour la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Il s’agit, d’après lui, de mettre l’accent sur la vulnérabilité des pays africains aux changements climatiques outre les problématiques économiques liées à ces dérèglements.
“Ce statut spécifique leur permettra un accès prioritaire à l’appui technologique, au renforcement des capacités ainsi qu’au financement”, fait-il remarquer.
L’inscription de cette demande à l’ordre du jour de la COP 25 et de la réunion des parties à l’accord de Paris (CMA) a attisé certains tensions et clivages avec certains pays qui se sont opposés clairement à cette demande et réclamé, eux aussi, de bénéficier du même statut.
Il s’agit des groupes du groupe de l’Alliance indépendante de l’Amérique latine et les caraïbes (AILAC) présidée par le Honduras et le groupe d’intégrité environnementale (GIE) dirigé par la Suisse.
Des négociations dans l’impasse
A entendre le conseiller du groupe des négociateurs africains, Kamel Djemouai, ces groupes considèrent que certains pays africains comme la Tunisie, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Nigeria jouissent d’un certain niveau de développement économique et ne sont donc pas éligibles à certains financements.
Ce qui semble également incompréhensible, renchérit-t-il, est le fait que le président du groupe des pays moins avancés (PMA) qui comprend des pays africains a rejeté notre demande qui, en contrepartie, a été fortement soutenue par l’Arabie Saoudite, chef de file du groupe arabe.
Néanmoins, selon lui, la présidente de la COP 25, Carolina Schmidt Zaldivar, avait annoncé que des consultations informelles seront lancées afin de parvenir un consensus qui permettra à l’Afrique d’être considéré comme un continent à besoins spécifiques, conformément aux dispositions de la CCNUCC.
En somme, les négociations s’annoncent “ardues” et “tendues”, estime Rafik Aini, délégué tunisien et négociateur en chef du groupe africain pour l’agriculture. Cependant, le groupe africain demeure “résolu”, insiste-t-il, à faire valoir ses intérêts et à tirer son épingle du jeu durant ces deux semaines marathon de pourparlers climatiques.
Une demande visant à accorder plus d’attention à l’adaptation dans l’agenda de la COP 25 et de la CMA a également été formulée par notre groupe, souligne-t-il.
“Les pays africains contribuent très peu aux émissions des gaz à effet de serre, mais malgré ça, nous sommes les plus concernés par les effets des changements climatiques”.
Raison pour laquelle, assure-t-il, les pays du groupe africain demandent à ce que les financements soient davantage orientés vers des projets de résilience aux changements climatiques.
Bien que l’ensemble des 54 pays d’Afrique ne contribue qu’à hauteur de 4% aux émissions mondiales de GES (gaz à effet de serre), selon les données de la Banque Mondiale, le continent est très vulnérable aux effets des changements climatiques et de la variabilité météorologique, dont les impacts sont déjà tangibles.