L’Assemblée des représentants du peuple a adopté, dans la soirée de mardi 3 décembre, le projet de loi de finances complémentaire 2019, avec 109 voix pour, 19 contre et 5 abstentions, après deux interruptions pour que les groupes parlementaires se concertent et des batailles verbales virulentes.
Répondant aux interventions des députés, lors de la plénière consacrée au projet de loi de finances complémentaire pour l’année 2019, le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, considère qu’on ne peut pas comparer la pression fiscale enregistrée en Tunisie avec celle d’autres pays africains, qui n’englobe pas les systèmes de protection sociale et de santé.
Chalghoum a appelé à relativiser les chiffres et à les mettre dans leur contexte, expliquant que la pression fiscale en Tunisie est élevée (dépasse les 31%), parce qu’elle couvre les systèmes de protection sociale et de santé, mais qu’elle ne dépasse pas les 25% en réalité.
Le ministre a souligné que des pays africains ont exprimé lors d’une réunion de l’OCDE, leur souhait d’atteindre des niveaux de pression fiscale comparables à ceux de la Tunisie, du Maroc, de l’Afrique du Sud et des Seychelles.
Il a expliqué l’augmentation de la pression fiscale en Tunisie par l’incapacité de l’Etat à soutenir le rythme du développement.
Répondant aux remarques des députés relatives au caractère flou des hypothèses du budget, il a assuré que son département œuvre à la préservation des équilibres macro-financiers.
Il a rappelé que lors de la préparation du budget 2019, les hypothèses adoptées ont porté sur une croissance du PIB de 3,1% et sur un prix de baril de 75 dollars, relevant le souci de renforcer les ressources propres de l’Etat, par le renforcement des mesures de recouvrement et la lutte contre l’évasion fiscale.
Il a expliqué la révision du taux de la croissance à 1,4%, par le changement de la donne économique mondiale et la régression de la demande, se traduisant par un repli des exportations des industries mécaniques et électriques de 2,4% et de celles du secteur du textile, habillement, cuir et chaussures de 4,7%, aux prix constants, durant les 10 derniers mois de 2019, outre la non atteinte des objectifs fixés dans le secteur des hydrocarbures.
La révision du taux de croissance s’explique aussi, par la révision à la baisse de la croissance, à plusieurs reprises, au niveau mondial au cours de l’année 2019, en raison de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis d’Amérique, le Brexit et les tensions à l’échelle régionale.
Il a encore, indiqué que la baisse de croissance a concerné les pays de la zone euro, partenaires de la Tunisie, dont la croissance a baissé de 1,9%, à 1,2% en octobre 2019, ce qui a induit un recul de la demande pour les sociétés étrangères implantées en Tunisie et, partant, une baisse de la croissance de 0,4%.
A l’échelle nationale, le ministre a souligné que la révision à baisse de la croissance, est essentiellement, due à la régression de l’activité du secteur du transport, toutes composantes confondues, au retard accusé dans l’entrée en exploitation du Champ Nawara pour l’extraction du gaz naturel, en raison de problèmes fonciers et de conflits internes entre les deux sociétés exploitant ce champ, outre la baisse de la production de certains champs pétroliers, à l’instar de Halk El Menzel et d’Al Barka.