Pour nombre de députés de l’ARP, le projet de loi de finances complémentaire pour l’année 2019 manque de transparence en ce qui concerne l’endettement et le niveau du déficit budgétaire. Ils mettent notamment en exergue le caractère flou des hypothèses sur le taux de change et le prix du baril du pétrole.
Lors d’une plénière consacrée à la discussion de ce projet, mardi 3 décembre, la députée du mouvement Ennahdha, Hayet Amri a souligné que “le projet de LFC 2019 comporte plusieurs défaillances, les conditions n’étant pas favorables à une relance économique, en raison de l’amélioration des rendements des secteurs touristique et agricole et la reprise du dinar”.
Elle ajoute qu'”on n’a même pas réalisé le tiers de ce qui a été programmé pour 2019, sans parler du taux de déficit avancé qui cache une certaine manipulation des chiffres, si ce n’est une fraude”.
Elle qualifie de “fictifs certains projets programmés étant donné l’absence de budgets qui leur sont alloués dans le projet de LFC 2019″.
Réagissant à ces propos, le député du Courant démocratique, Mohamed Ammar, a critiqué ” les interventions des anciens députés appartenant aux partis au pouvoir” (y compris évidemment Ennahdha), appelant “les anciens gouvernements à assumer leur responsabilité politique et morale du moins pour les cinq dernières années”.
De son côté, Ridha Jaouadi, député de la Coalition de la dignité, a exprimé des doutes quant aux indicateurs économiques présentés par le gouvernement dans les projets des budgets de l’Etat (déficit et endettement), proposant l’amélioration des méthodes d’examen de ces budgets, en désignant un expert comptable par chaque bloc parlementaire pour contrôler l’élaboration et l’exécution des budgets.
Pour sa part, la députée du PDL, Abir Moussi, indique que “le recours aux LFC témoigne de l’incapacité de l’Etat à anticiper”, dénonçant l’absence de transparence dans l’exécution des budgets et des projets décidés en faveur des régions.
Quant au député d’Ennahdha, Said Ferjani, il soulignera que “plusieurs dispositions fiscales n’encouragent pas l’investissement”, critiquant “la réticence du ministère des Finances à communiquer les données précises et actualisées à la commission des Finances de l’ARP”.
Le député du parti Errahma, Mouadh Ben Dhiaf, a épinglé ” l’absence d’une vision claire dans la gestion des Finances publiques, ce qui a favorisé la détérioration des infrastructures, principale cause de l’accident de Amdoun (Béja), ayant fait 27 morts et plusieurs blessés, soulignant la nécessité d’engager des réformes radicales pour créer de la richesse au lieu de recourir à l’endettement.