Le président de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche (URAP), de Nabeul, Imed El Bey, a estimé que la récolte des agrumes régressera de 35%, alors que le délégué régional à l’agriculture et la pêche, Moncef Tayeb, a estimé cette baisse à 23%, par rapport aux 330 mille tonnes récoltées, durant la campagne écoulée.
Dans une déclaration à l’agence TAP, El Bey, a expliqué cette chute de la production d’agrumes à Nabeul, par plusieurs facteurs, dont notamment, la propagation de la maladie de la Tristeza (un virus qui entraîne le dépérissement des arbres), lequel a affecté environ 30% des cultures, ainsi que l’apparition, depuis l’année dernière, de la maladie des tâches noires des agrumes.
Il y a lieu de rappeler, à ce propos, que le gouvernorat de Nabeul contribue à 75% de la production nationale d’agrumes et à 90% des quantités exportées, notamment les maltaises.
Le président de l’URAP a fait savoir qu’une superficie de 2000 ha de forêts d’agrumes, a été traitées et ce, en collaboration avec le groupement interprofessionnel des fruits. D’autres mesures ont été prises, aussi, afin de préserver la qualité de notre production, destinée à la fois au marché intérieur et extérieur.
Toujours selon El Bey, la filière des agrumes, souffre du problème de la salinité des eaux d’irrigation et du manque d’eau, enregistrée durant les trois dernières années, ce qui a eu des répercussions négatives sur cette culture.
Pour le président de l’URAP, de Béni Khaled, Béchir Aounallah, la baisse de la récolte résulte, essentiellement, de l’usage excessif des pesticides chimiques et de l’importation ” non étudiée ” de nouvelles espèces d’agrumes.
Il a pointé du doigt, aussi, l’absence d’un encadrement agricole et d’un diagnostic précoce des maladies, étant donné que le Centre technique des agrumes d’El Kobba, n’assume pas son rôle dans la détection précoce des maladies.
De son côté, le délégué régional à l’agriculture et la pêche, Moncef Tayeb a expliqué le recul de la production, par deux causes principales. Il s’agit, primo, d’un phénomène physiologique, qui consiste en l’alternance de la production d’une année à l’autre, puisque les arbres produisent en abondance une année, alors que la récolte est réduite, celle d’après.
Secundo, la baisse de la production trouve son origine dans les effets des changements climatiques, étant donné que cette saison est caractérisée par une hausse des températures et l’apparition du sirocco, à la fin du mois de mai 2019, au moment de la floraison et du développement des bourgeons, ce qui a causé par la suite, la chute de quantités importantes de fruits.
Par ailleurs, il a indiqué que le secteur des agrumes souffre, depuis plusieurs années, de nombreuses difficultés dont, essentiellement, l’éparpillement de la propriété (80% des terres dans les forêts d’agrumes, ne dépassent pas l’hectare).
Il a, même, avancé qu’une baisse de la production bénéficie généralement à l’agriculteur, puisque le manque au niveau de l’offre, induit une augmentation des prix de vente. Il a rappelé, à ce propos, que la réalisation d’une production de 500 mille tonnes en 2016/2017, a engendré des pertes considérables pour les agriculteurs.
” S’agissant du ” syndrome du déclin rapide ” (Tristeza), une stratégie régionale de lutte a été mise en place. Elle a été axée sur la réalisation d’analyses. Dans le cas où il en résulte, que les arbres sont atteints à plus de 20%, l’agriculteur est appelé, alors, à les arracher contre l’obtention d’une prime “, .
Et d’assurer que “le ministère est en train d’étudier les demandes formulées par les agriculteurs, pour un doublement de la prime d’arrachage, tout au long de la période d’arrêt de la production”.
Pour ce qui est de la maladie de tâches noires, il s’agit, d’après lui, d’une pathologie microbienne, apparue ces dernières années, contre laquelle une série de mesures techniques a été prise. Les services du commissariat au développement agricole, ont entamé l’application de la stratégie nationale en la matière, par la réalisation de 700 analyses sur les sites de production.
Et de conclure que les efforts sont axés sur les préparatifs pour la campagne d’exportation des agrumes, laquelle démarre au cours de la première semaine du mois de janvier de chaque année, pour pouvoir exporter le maximum de maltaises, a t-il conclu.
A rappeler que le secteur des agrumes, revêt un caractère social, dans le gouvernorat de Nabeul, puisqu’il assure un emploi à 20 mille ouvriers, ce qui signifie des revenus pour près de 8000 familles. Les forêts d’agrumes de Nabeul s’étendent sur 20 mille ha, principalement dans les régions de Menzel Bouzelfa, Béni Khalled, Bouargoub et Soliman.
A rappeler que le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taieb, avait annoncé, fin novembre 2019, que la production nationale d’agrumes s’établira pour la campagne 2019-2020 à 366 mille tonnes, contre 440 mille tonnes durant la saison écoulée, soit une baisse de 17%.