Comment préserver la démocratie quand l’économie est en panne ? Il faut réformer, c’est nécessaire. Mais il est fondamental que l’Etat continue à assumer son rôle social.
L’intervention d’Alexis Tsipiras était attendue à l’ouverture des Journées de l’entreprise. L’ancien Premier ministre grec (2015-2019) était à la manoeuvre quand la Grèce était au fond de l’abîme. Par un original revers de l’histoire, il s’est fait élire pour appliquer un programme économique de gauche. Mais une fois aux affaires, il fut contraint et forcé de réviser sa feuille de route.
Avec les créanciers de la Grèce, en pleine crise de la dette souveraine de ce pays, Tsipiras a renégocié son programme économique alternatif. Et au bout du compte, il a pu obtenir ce qu’il appela à l’époque « le meilleur compromis ».
Cependant, il faut relativiser le succès de la méthode Tsipiras, car la Grèce était sous le parapluie de l’euro. Et le mécanisme de stabilisation financière a volé au secours de ce pays lui évitant une thérapie extrême.
Et les mesures d’austérité pour l’époque, à savoir la baisse des salaires et des retraites, étaient un moindre mal.
Comment gérer la crise ?
Alexis Tsipiras reconnaît que la Tunisie est dans une situation difficile, mais moins pénible que celle de la Grèce. L’important, souligne-t-il, est qu’il convient, en urgence, de faire repartir l’investissement afin d’éviter que l’Etat se retrouve dans une situation de panne prolongée. Alexis Tsipiras avait cet objectif en priorité. Il avait mis sur pied un task force au sein de son cabinet pour aider les entreprises à relancer l’investissement. De même qu’elle devait veiller à rebâtir une nouvelle image pour le pays.
Respecter la dimension sociale
Tout faire pour faire repartir la croissance est la plus urente des priorités en temps de crise. Les archés lui étant fermés, la Grèce a trouvé une certaine écoute auprès des pays de l’Europe du Nord.
Est-ce que la Tunisie pourrait, à son tour, bénéficier de leurs faveurs ? Cette soupape scandinave a permis d’injecter de l’investissement dans l’économie grecque. Il se trouve que les investisseurs scandinaves sont assez réceptifs au respect de la dimension sociale.
Il convient de réformer sans agresser les droits de l’Homme. Négliger la dimension sociale, c’est s’exposer à un risque réel de déstabilisation du pays. Et c’est le pire des scénarios.
Alexis Tsipiras affirme que son pays, qui a souffert d’un afflux migratoire, a tout de même accordé une couverture sociale aux réfugiés et aux émigrés. S’acheter la paix sociale est un sauf-conduit pour pouvoir engager des réformes.
Par ailleurs, Alexis Tsipiras plaide pour la création d’un bloc méditerranéen ; c’est regroupement vulnérable, reconnaît-il. I ;peut toutefois, grâce à une dynamique de groupe, panser ses plaies et juguler les fuites des cerveaux.
AA