Les négociateurs africains pour le climat sont déterminés à faire entendre leur voix durant le 25ème sommet de l’ONU sur les changements climatiques, tenu actuellement à Madrid avec le mot d’ordre “Time for action” ou “Il est vraiment temps de passer à l’action !”.
“Nous continuerons encore à pousser en faveur de l’inscription des circonstances et des besoins particuliers de l’Afrique dans l’agenda de cette 25e conférence des Parties sur le climat COP 25”, a lancé, samedi, Tosi Mpanu Mpanu, négociateur en chef de la République Démocratique du Congo.
“Si nous franchirons les lignes rouges, nous laisserons nos ministres prendre le relais durant la deuxième semaine de ces pourparlers climatiques”, a-t-il souligné, lors d’un point de presse organisé par le groupe des pays africains qui marque la fin du premier round de ces négociations qui se déroulent à Madrid.
D’après cet ancien président du groupe africain, une réunion de la commission ministérielle africaine devrait être tenue ce dimanche, 8 décembre, pour discuter des moyens de mettre cette demande “spéciale” sur la table des négociations.
L’Afrique a déjà obtenu “gain de cause”
Les besoins et circonstances spécifiques de l’Afrique est une question que nous avons exigée depuis la COP 21 à Paris, a-t-il fait remarqué, déclarant que certaines parties font seulement preuve ” d’amnésie ” aujourd’hui en allusion aux groupes de l’Alliance indépendante de l’Amérique et les Caraïbes (AILAC) et des pays les moins avancés.
Selon lui, l’Afrique a déjà obtenu “gain de cause” du fonds vert pour le climat qui a reconnu son statut spécifique, expliquant que 50% de ses ressources relatives à l’adaptation sont allouées aux pays les moins avancés dont l’Afrique et les petits Etats insulaires.
D’autre part, l’Afrique réclame aussi, a-t-il dit, d’inscrire l’objectif global de l’adaptation dans l’agenda de cette COP 25 qui n’est pas une “invention” puisqu’il est (l’objectif de l’adaptation) inscrit dans l’accord de Paris.
Pour Mpanu Mpanu, les mécanismes du marché carbone prévu par l’article 6 de l’accord de Paris sont également un enjeu capital pour les pays africains. Ils doivent répondre à “des principes et des méthodologies rigoureuse” pour assurer l’intégrité environnementale.
Et d’ajouter: “Nous veillons aussi qu’une partie des revenus généré par ces mécanismes soient allouées au financement de la résilience africaine aux changements climatiques”, soulignant que plusieurs pays développés ne sont pas enclins à prendre en considération cette question.
La question relative aux calendriers communs pour les contributions déterminées au niveau national (NDC) au titre de l’Accord de Paris constitue également un point de discorde durant ces pourparlers.
Selon le négociateur africain, il n’y a pas eu d’avancée notable concernant cette question : “Notre groupe plaide en faveur d’un délai de cinq ans, ce qui n’est pas le cas des pays industrialisés qui sont favorables à une période de 10 ans. Cela pourrait être une entrave à la décarbonatation de la planète”.
Le président du groupe des négociateurs africain, Mohamed Nasser, a de son côté insisté sur les questions liées au financement de l’adaptation aux changements climatiques et le transfert des technologies qui, selon lui, tardent à être résolues durant ces pourparlers climatiques.
Interrogé par l’Agence TAP sur le statut particulier que revendique le groupe africain, Mohamed Nasser a tenu à souligner que cette demande est basée sur le rapport spécial du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en 2018 qui atteste de la vulnérabilité de l’Afrique.
Ce rapport, a-t-il dit, révèle que la hausse des températures en Afrique devrait être supérieure à la hausse moyenne mondiale, d’où la nécessité de prendre en considération les besoins spécifiques de l’Afrique. “Il n’est pas du tout question de faillir à nos engagements vis-à -vis de l’accord de Paris. Nous souhaitons seulement instaurer un certain degré de développement durable dans notre continent”, a-t-il insisté.