On assiste en Tunisie, depuis 2010, à une montée du racisme et de la traite des ressortissants d’Africains du Sud du Sahara, ce qui a fait réagir dernièrement l’ambassade de la Côte d’Ivoire à Tunis, et qui, par note officielle, appelle au rapatriement des Ivoiriens vivant en Tunisie parce qu’ils sont exploités dans une forme moderne d’esclavage dans des travaux pénibles sans aucune couverture sociale et de manière illégale (cafés, restaurants, lavages de voitures, construction, champs…). Ils ne sont ni déclarés à la CNSS ni aux services de police (afin d’obtenir une carte de séjour au besoin).
Le problème ne réside pas dans la nature du travail, car il s’agit de la loi de l’offre et de la demande. Il suffit de se rappeler que des milliers de Tunisiens ont immigré en Europe, plus particulièrement en France, à la recherche de travail comme ouvriers dans le bâtiment ou éboueurs, généralement dans des travaux pénibles et peu rémunérés, mais en jouissant de droits minimums de couverture sociale et d’un séjour officiel, donnant lieu à une carte de séjour en bonne et due forme.
Cette situation anormale du statut des immigrés africains du Sud du Sahara doit cesser. Il y a lieu que les pouvoirs publics prennent position de manière officielle. Que ce soit la présidence de la République, la présidence du Parlement, la présidence du gouvernement et, surtout, le ministère des Affaires étrangères…
La Tunisie, qui a été le premier pays en Afrique, à abolir l’esclavage dès le 23 janvier 1846 par le monarque Ahmed Bey 1er, et ce après avoir interdit la vente des esclaves sur les marchés de la Régence le 6 septembre 1841, puis en décidant en décembre 1842 que les enfants d’esclaves nés dans la Régence de Tunisie après cette date seront libres, ne doit plus accepter le retour d’aucune forme de la traite des Africains et des noirs particulièrement.
La société civile en Tunisie doit réagir et se prononcer publiquement sur cette situation en dénonçant cet esclavage moderne, et ce à travers les organisations nationales (Ugtt, Utica, Unft, Conect, Utap), lesquelles sont appelées à condamner de tels agissements. Car ce qui se passe actuellement en Tunisie comme racisme et esclavage envers nos amis sud-saharien est inacceptable et mérite d’être dénoncé. Il faut leur assurer un séjour dans la dignité, tout en sauvegardant leurs droits sociaux dans le respect de la réglementation du travail en vigueur au même titre que les citoyens tunisiens.
Dans ce cadre, l’inspection du travail et la police doivent faire des descentes dans les cafés, restaurants, chantiers et autres champs d’oliviers pour relever les infractions commises sur les travailleurs sud-sahariens et verbaliser les entreprises ou les employeurs contrevenants.
Il est vrai qu’en Tunisie il y a une pénurie de travailleurs dans le secteur de l’agriculture, secteur dans lequel les ouvriers tunisiens refusent de travailler (cueillette des olives même a 45 dinars la journée, par exemple), sur les chantiers de bâtiments ou dans les travaux manuels. Quoi qu’il en soit, la Tunisie se doit de mettre à jour sa législation et accepter l’immigration officielle et doter tout travailleur étranger d’un titre de séjour officiel, d’un contrat de travail et lui faire bénéficier des droits sociaux, y compris au niveau salaire.