Au mois d’octobre dernier, l’Agence Tunis Afrique Presse (TAP) et l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME – relevant du ministère de l’Industrie et des PME) ont conclu un accord en vertu duquel cette dernière (ANME) apporte une assistance financière et technique pour installer, sur le toit du siège de TAP, une petite fermette solaire d’une capacité estimée à 60 kilovoltampères (KVA).
Au plan technique, il s’agit pour les ingénieurs de l’ANME d’aider, dans une première étape, leurs collègues de TAP, à mettre en place des mécanismes d’efficacité énergétique (interventions pour le changement du dispositif d’éclairage, de climatisation, bureautique…) et d’installer, dans une deuxième étape, une unité solaire photovoltaïque de 218 panneaux.
En contrepartie, l’Agence TAP s’engage à assurer la médiatisation des campagnes et manifestations d’information organisées par l’ANME en matière de sensibilisation de l’opinion publique à la maîtrise de l’énergie et à l’utilisation des énergies vertes.
Par-delà cet échange de services entre un établissement public et une entreprise publique, une fois réalisé, ce projet permettra à TAP de réduire de 40% sa consommation d’énergie estimée actuellement à 7 000 dinars par mois. Pour une entreprise publique qui travaille en temps réel (24 heures sur 24 heures), il s’agira de réelles économies.
Enjeu de dupliquer ce partenariat
Si nous avons rappelé la signature de cette convention, c’est juste pour mettre l’accent sur les gains énormes que pourrait générer l’autoproduction d’électricité par les entreprises publiques pour les finances publiques.
Car cette petite fermette solaire sur le toit de TAP va certes profiter à l’agence, en tant qu’entreprise publique, mais aussi au contribuable dans la mesure où toute réduction des dépenses de l’agence va diminuer, un tant soit peu, le montant de l’enveloppe qui lui est accordée dans le cadre du budget de l’Etat.
Il s’agit également de contribuer à la baisse de l’enveloppe budgétaire dédiée annuellement à la compensation de l’énergie (hydrocarbures et électricité). Pour l’année 2020, elle est est estimée à 1,880 milliard de dinars.
Cela pour dire que ce partenariat entre l’ANME et TAP peut être dupliqué avec dans d’autres entreprises et établissements publics. L’ultime objectif fixé à l’échelle nationale étant de réduire la consommation d’énergie du secteur public de 20% d’ici 2021.
Selon Slim Feriani, ministre de l’Industrie et des PME, l’incitation à l’autoproduction d’électricité à partir des énergies vertes sera intensifiée et bénéficiera de l’assistance technique et financière requise.
Le ministre, qui s’exprimait ces derniers jours dans le cadre d’entretiens accordés aux médias audiovisuel et écrits, a annoncé que les hôteliers et les industriels seront sensibilisés à l’intérêt qu’il y a pour eux à opter pour un mix-énergétique aux fins de faire fonctionner leurs unités hôtelières et industrielles et diminuer de manière significative leur facture d’électricité.
Tozeur, bientôt alimentée totalement en électricité à partir du solaire
Selon Slim Feriani, il existe actuellement un grand engouement pour le renouvelable avec ces trois régimes : régime des autorisations, régime des concessions et régime d’autoproduction auquel industriels et hôteliers pourront adhérer.
Feriani indique également que son département est concentré, actuellement, sur le régime des autorisations pour le lancement de fermes avec une capacité prévue de 250 mégawatts. «Cette capacité est en cours d’être implémentée», a-t-il-dit avant d’énumérer les projets réalisés ou en cours de réalisation.
«Un premier projet d’une capacité de 10 mégawatts a été réalisé l’été dernier à Tozeur. Il sera suivi de “Tozeur II“ en janvier 2020 ; une autre joint-venture de 10 mégawatts sera réalisée à Tataouine, entre l’ETAP et l’ENI, au cours du premier semestre de 2020». On prévoit d’atteindre 100 mégawatts en 2020-2021, a-t-il fait remarquer.
Point d’orgue des révélations du ministre : d’ici 2021, Tozeur sera probablement la première ville tunisienne à cent pour cent alimentée en électricité produite à partir du solaire.
Il a évoqué, au cours de ces entretiens, la stratégie suivie par la Tunisie pour réaliser, au cours de la période 2020-2030, 3500 mille mégawatts, ce qui va porter à 30% la part de ces énergies dans le mix énergétique du pays.
Le ministre a fait une mention spéciale pour la concession de 500 mégawatts dont les médias ont longuement parlé, depuis quelques mois. D’après lui, ce projet ne manquera pas de changer la donne d’autant plus qu’il va mobiliser 400 millions de dollars d’investissements avec en prime une excellente offre de tarifs, la moins élevée en Afrique. Dont acte.