Jacques Bruynooghe, patron du groupe Jacques Bruynooghe Global (JBG), opérant en Tunisie dans le textile, et aujourd’hui en faillite, fera l’objet d’une vente judiciaire.
En effet, le syndic de faillite de l’homme d’affaires belge opérant en Tunisie lance un appel d’offres pour la vente de la villa –couvrant près de 1 799 m2, sur un terrain de 1 836 m2- qu’il possède dans la station balnéaire de Kantaoui. La mise à prix a été fixée à 2,046 millions de dinars. Les offres doivent être envoyées au juge-commissaire au tribunal de 1ère instance de Monastir au plus tard le 16 décembre 2019.
Jacques Buynooghe opérait un groupe textile (SUNCO, THT, JJ Fashion, Liatex et JBG) créé à Ksar Hellal (Monastir) à partir du milieu des années 70.
L’homme d’affaires belge est l’un des premiers à profiter de la «Loi 72» encourageant l’exportation pour y lancer une entreprise qui allait devenir la plus importante de la ville de Ksar Hellal en confectionnant pour de grandes marques (Levi’s, H&M, Zara ou Pimkie).
Mais le roi est tombé il y a six ans. En 2013, le groupe Jacques Bruynooghe Global décide de fermer ses cinq filiales tunisiennes –basées à Ksar Hellal. Cela lui a valu d’être condamné en juin de cette année-là par le tribunal de première instance de Monastir à payer des indemnités de licenciement s’élevant au total à quatre millions de dinars (4 MDT) à 311 ouvrières licenciées abusivement un an plus tôt.
Il faut dire que ce groupe belge n’est pas le seul à se trouver contraint à mettre la clef sous le paillasson. Plusieurs dizaines de sociétés n’ont pas pu éviter cette issue fatidique sous l’effet de deux chocs subis par l’industrie textile tunisienne en l’espace d’une décennie.
Le premier choc est celui du démantèlement des Accords Multifibres en 2005. Le second choc a été asséné à l’industrie textile tunisienne par l’explosion sociale consécutive à la «révolution» du 14 janvier 2011. Mais la crise économique mondiale de 2008 a aussi contribué un tant soit peu à la dépression de l’industrie textile.
D’après une étude du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), l’industrie textile comptait, avant 2005, 2 500 entreprises, avec 250 000 employés.
Monastir, place forte de ce secteur d’activité, en compte le plus grand nombre : 511 en 2012, soit 26% de l’ensemble des entreprises textiles tunisiennes, qui emploient plus de 50 000 ouvriers.
En 2008, c’est-à-dire l’année de l’entrée en vigueur de la fin de l’Accord Multifibres, donc des quotas, la Tunisie n’avait plus que 2 000 entreprises textiles. Dix ans plus tard, leur nombre est tombé sous la barre des 1900.
A Monastir, plus de 80 entreprises ont fermé leurs portes entre 2007 et 2012, mettant plus de 4 500 personnes au chômage.
Et, malheureusement, la réponse à cette situation viendra, comme d’habitude, avec beaucoup de retard : c’est seulement en 2019 qu’un plan de relance de l’industrie textile est adopté pour la période 2019-2023, doublé d’une démarche de «revalorisation» du secteur, à l’initiative du Cepex.