Qu’on parle du pays, Estonie, ou de sa capitale, Tallinn, peu de Tunisiens en ont jusqu’ici entendu parler et peuvent, encore moins, les situer sur une carte. Mais les choses commencent à changer.
Un trio de jeunes entrepreneurs a récemment décidé de mettre le cap sur ce pays en créant une Chambre de commerce tuniso-estonienne. Il s’agit de Houssem Eddine Touil (président), Mohamed Ali Chouchène (trésorier) et de Amira Chanyour (secrétaire générale).
Leur ambition est de participer à la dynamisation des échanges commerciaux et économiques, promouvoir les opportunités de coopération entre les deux pays et tisser des relations de partenariat avec les associations similaires en Tunisie et à l’étranger.
Ces trois mousquetaires viennent du même monde, celui de la technologie, mais n’y jouent pas le même rôle. Houssem Eddine Touil, le plus jeune du trio, un self-made man, s’est forgé une spécialité au fil des ans : «J’aide les Chambres de commerce à débloquer leur potentiel», écrit-il sur son profil Linkedin. En effet, il a commencé à exercer ses talents de communicateur à l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA), puis au sein de Businessmed, l’Union méditerranéenne des confédérations d’entreprises, basée à Tunis, auprès de l’organisation patronale tunisienne, ensuite à Tunisia Startups, dont il a été l’un des membres fondateurs et à ce jour le secrétaire général ; enfin, depuis juin 2018, à Btwins, le premier venture builder français, que le président de la Chambre tuniso-estonienne de commerce aide à développer son portefeuille de startups en Tunisie et ses opérations.
Estonie, la “Digital nation“
Ce n’est fort probablement pas un hasard si ce sont trois acteurs du monde de l’économie numérique et des startups en Tunisie qui se lancent à la conquête de l’Estonie. En effet, ce n’est pas pour rien si ce pays a été baptisé la «Digital nation». Ce pays jeune –il a recouvré son indépendance il y a vingt ans après la dislocation de l’Union soviétique en 1991- et petit (il ne compte que 1,3 million d’habitants), a opté pour la numérisation de son administration. Ce choix en a fait, au bout de quelques années, la nation la plus numérisée au monde, qui a déjà donné naissance à quatre licornes (une licorne est une start-up valorisée à plus de 1 milliard de dollars), dont Skype.
Les deux partenaires de Houssem Eddine Touil sont Mohamed Ali Chouchane, directeur général de Cloud Temple Tunisie et président directeur général de Cloud Temple West Afrique (Poulina Group Holding), et, last but not least, Amira Cheniour, co-fondatrice de Seabex, une plateforme de smart-agriculture créée en 2015 avec son partenaire Taher Mestiri, et qui a déjà décroché plusieurs récompenses (Financial Inclusion Award, à Berlin, «start-up pour une Afrique durable» à l’European African Business Forum, et Prix Orange de l’Entrepreneur Social 2018).
S’il n’a pas inspiré à ce trio l’idée de mettre le cap sur l’Estonie, c’est un politique qui a été le premier tunisien à s’intéresser à ce pays et à y nouer des relations. Il s’agit du député Souheil Alouini (Nidaa Tounes, Machrou puis Tahya Tounes) qui a visité ce pays en mai 2018 et y a fait la connaissance d’un confrère, Dimitri Dimitrijev, membre de la Commission sociale du Parlement estonien, qu’il a invité à son tour deux mois plus tard en Tunisie, en sa qualité de président de la Commission de la santé à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour qu’il y fasse un exposé sur le modèle estonien de numérisation du système de santé. Un projet qui tarde à être concrétisé en Tunisie.
Moncef Mahroug