«Engagés avec vous», une construction syntaxique annonçant un «processus évolutif devant aboutir à un changement d’état». Cette expression adoptée par l’équipe de l’unité Prospective, Veille et Recherche économique de la BIAT, conduite par Oualid Jaafar, affirme la détermination de la première banque privée de Tunisie de plus s’investir et multiplier les initiatives contribuant à la dynamisation du débat public sur l’économie. «Notre objectif est de placer l’économie aux premiers rangs des préoccupations de nos compatriotes qui doivent être des acteurs agissants dans sa relance», explique Elyes Ben Rayana, membre du Conseil d’administration de la BIAT, lors d’une conférence de presse organisée vendredi 20 décembre.
La BIAT redonne au verbe “s’engager“ une mission autre que celle à laquelle nous sommes habitués. On ne parle plus de l’engagement dans le sens usuel du terme, politique, droit-hommiste, théologique ou idéologique, mais plutôt d’un engagement dicté par les nouvelles donnes du pays : la défense de la cause économique ! Une cause pour laquelle il faut se battre car il y va de l’avenir du pays.
«L’économie ne relève plus des seules instances concernées, précise Elyes Ben Rayana, elle est l’affaire de tous nos concitoyens. Aujourd’hui, tout le monde en parle mais ce monde-là comprend-il sa complexité et toutes ses disciplines, saisit-il les tenants et les aboutissants des problématiques pour sa bonne gestion ? Les Tunisiens lambda s’intéressaient-ils, il y a 10 ans, au budget de l’Etat ? Aujourd’hui tout le monde en parle. Notre pays a évolué et nous nous devons accompagner cette évolution en informant et en vulgarisant les concepts économiques».
«Vous avez deux choses à engager, votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude», disait le philosophe Blaise Pascal. Même si le 21ème siècle est différent au 17ème à maints égards, c’est une formule toujours d’actualité : la quête du bonheur par le pouvoir du savoir.
Mieux se connaître, que faire et où aller ?
Mieux se connaître, que faire et où aller. Ce sont des questions déterminantes pour toute entreprise qui se respecte et cela passe indéniablement par la connaissance de l’environnement aussi bien international que national dans lequel elle évolue pour être capable de l’analyser et mieux se positionner. «L’objectif de l’Observatoire est d’encourager les nouvelles réflexions visant la contribution du secteur financier au bien collectif. Et en tant qu’acteur de référence de la place, nous sommes appelés à le faire», a affirmé M. Ben Rayana.
C’est ce sur quoi s’est penchée l’équipe de Oualid Jaafar pendant des mois : rassembler des informations économiques auprès de différentes sources et en tirer des éléments de réflexion en établissant les liens entre les groupes, qu’il s’agisse des acteurs de la société civile ou de centres décisionnels éparpillés. Nulle prétention d’apporter des solutions mais l’ambition, du moins dans un premier temps, est de maîtriser tous les éléments nécessaires d’information pour l’établissement d’un bon diagnostic.
Dans la “Note de conjoncture“, on trouve des informations aussi bien nationales qu’internationales : «Le benchmarking est important, estime Oualid Jaafar, il nous permet de nous situer dans un monde globalisé qui évolue très vite et dont les mutations sont rapides. Nous devons tirer les enseignements des expériences de pays comparables au nôtre».
La présentation du 1er numéro de la “Note de conjoncture économique de la BIAT“ a été l’occasion de faire le point sur ce qui se passe sur le plan économique à l’extérieur et à l’intérieur de nos frontières en mettant l’accent sur les faits saillants des deux côtés.
En Tunisie, la politique monétaire a été la star de la Note de conjoncture, ce que nous pouvons relever dans l’éditorial dans lequel l’on parle de réussite : «La politique monétaire est en train de réussir son pari : inverser la tendance de la trajectoire de l’inflation. Certes, nous ne sommes pas à un stade d’achèvement qui nous autoriserait de parler déjà de “désinflation“, néanmoins les instruments de politique monétaire déployés ont permis de désamorcer une spirale qui s’acheminait vers une inflation à deux chiffres».
La jeune équipe s’est aussi penchée, dans ce document de 40 pages, sur la croissance s’adossant sur 17 rapports pour tirer un graphique illustrant son évolution depuis 2015.
Le rôle du phosphate dans la baisse de la croissance de l’économie nationale n’a pas été marginalisé : «Une analyse fondée nécessite une recherche rétrospective en vue de relativiser les éventuels écarts conjoncturels», pouvons-nous lire sur la page 7 de la Note où deux graphiques et tableaux illustrent l’évolution mensuelle et annuelle de la production du phosphate sur 8 années.
Le Budget de l’Etat doit-il être examiné aux derniers mois de l’année ?
Le budget de l’Etat et la nécessité de le préparer avant les délais adoptés par le gouvernement a été aussi mis en relief par la jeune équipe de l’unité Prospective BIAT. «Tout le monde est aujourd’hui convaincu que la loi de finances ne doit pas être traitée aux mois de septembre ou d’octobre parce que trop tard. A la BIAT, nous avons organisé au printemps 2019 une rencontre économique autour de la loi de finances 2020», explique M. Jaafar.
Sur un tout autre volet, il n’a pas manqué de parler de l’indice de production industrielle global (IPI) qui a «emprunté une tendance baissière depuis 2015, et l’indice de production des industries manufacturières qui a enregistré une stagnation depuis 2017 avant de s’inscrire en baisse en 2019», et de poser la question pertinente et prudente : «S’agit-il d’une désindustrialisation de l’économie ou d’une crise conjoncturelle ?».
Oualid a évoqué à ce propos la rencontre organisée par le Conseil d’analyses économiques, présidé alors par Afif Chelbi, et au cours de laquelle on parle du danger de l’orientation économique «business as usual» et de la nécessité de mettre en place rapidement un pacte pour la compétitivité économique et l’équité sociale à l’échelle de tous les secteurs.
La lecture de la Note de conjoncture BIAT permet à toute personne intéressée par la chose économique d’être édifiée sur la réalité de notre pays et l’impact de ce qui se passe de par le monde sur notre économie.
«Nous sommes dans le factuel, nous n’émettons pas de jugements et encore moins d’appréciations. Les informations et les éléments cités dans la Note de conjoncture sont le produit d’un travail méticuleux et rigoureux. Si erreur il y a, elle aurait été faite de bonne foi et n’est aucunement malintentionnée», explique Oualid Jaafar.
Un outil d’“éducation“
Par ce travail, la BIAT veut contribuer à conscientiser les profanes quant à la question économique pour “lutter“ contre les idées reçues et les fausses informations véhiculées à propos des activités économiques et ce quel qu’en soit leur nature ! L’idée est d’être des contributeurs dans la diffusion d’une culture économique utile qui permet d’éclairer sans influencer ou orienter.
La Note de conjoncture BIAT peut être un outil de travail pour les médias et les leaders d’opinion pour ce qui est de la chose économique, car ils peuvent y puiser des informations récoltées dans nombre de sources fiables qui leur permettront, grâce aux éléments de réponse qu’ils y trouvent, d’analyser en étant avertis. Trimestrielle, la Note accompagne les avancées, réalisations ou échecs des politiques économiques locales et internationales.
«C’est un engagement de notre part de mettre à contribution les moyens dont nous disposons pour soumettre au public des informations pertinentes et multidimensionnelles et participer avec beaucoup d’humilité à un débat public déterminant pour notre pays. Quand on revient au mot engagement sur le plan étymologique, on y trouve le sens d’être lié par une promesse. Pour nous, il s’agit d’être un acteur de référence en matière d’informations économiques et un point de rencontre incontournable pour les acteurs de la vie publique qui s’y intéressent. Nous souhaitons et nous tenons à être un vecteur de connaissances dans un domaine complexe et nous ambitionnons d’être une force de propositions. Nous voulons informer pour que nos concitoyens assimilent et comprennent avant de juger et de se prononcer en approuvant ou en condamnant», explique Oualid Jaafar !
Que veut le peuple ?
Amel Belhadj Ali