Devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), lors de la plénière consacrée au vote de confiance au gouvernement, Habib Jemli, qui a été désigné de former une équipe gouvernementale, a déclaré: “J’ai choisi l’équipe sur la base de l’intégrité, de la compétence, de la propreté de la main et la capacité de gestion et de réalisation dans l’unité, loin des considérations partisanes qui ne cadrent pas avec la conjoncture du pays. Le gouvernement est le fruit d’un long et difficile marathon de concertations avec les principaux acteurs politiques et sociaux”.
Il ajoute: “… La nouvelle équipe choisie a exprimé son enthousiasme d’assumer pleinement sa responsabilité nationale et d’atteindre les objectifs escomptés”.
Arrêtons-nous à ce niveau pour analyser les mots employés par Jemli: intégrité, compétence, propreté de la main, capacité de gestion et de réalisation dans l’unité, loin des considérations partisanes…
Par ces mots, soit Habib Jemli n’a pas vu, n’a pas entendu ce que tous les Tunisiens -ou presque- ont décelé chez les nominés aux différents postes ministériels, soit nous autres on a mal vu ou entendu. En tout cas, il se dresse un océan entre ce qu’il a décrit et ce qui est, peut-être, la réalité.
D’ailleurs, dans son discours, le chef du gouvernement désigné assure avoir perçu une certaine lassitude des Tunisiens face aux “… tiraillements politiques, et attendent de la classe politique des solutions face à la détérioration de leur pouvoir d’achat et la garantie d’un avenir meilleur pour leurs enfants”. Une nouvelle myopie de notre chef de gouvernement, parce que et les députés et le reste du peuple ne croient en la capacité de ce gouvernement à trouver des solutions aux problèmes du pays (chômage, érosion du pouvoir d’achat, déficit, etc.).
Mais il a raison par ailleurs de dire qu’il “ne s’engagera pas dans des promesses irréalistes et irréalisables”.
Toutefois, pour montrer qu’il compte bien réussir, Habib Jemli a annoncé dans son allocution la création d'”une charte d’honneur” fixant les responsabilités des membres du gouvernement. Il s’agit d’une nouvelle démarche basée sur l’évaluation, le contrôle et la redevabilité de chaque membre du gouvernement, laquelle démarche sera généralisée à toutes les institutions pour baliser le terrain à un “Etat de gouvernance politique responsable”.
En vertu de ladite charte, “chaque membre présente son programme détaillé au Parlement, s’engage à le réaliser et dresse ensuite le bilan de son action”.
Jusque-là et malgré les appréhensions, on pouvait lui attribuer une “bonne note”. Mais aïe, il vient de gaffer, en disant que “l’équipe, qui se tient à équidistance de tous les partis, demande le soutien du Parlement pour entamer son programme”.
Dans cette logique, Habib Jemli considère que “la Tunisie recèle un important potentiel humain qui lui garantit les attributs de la réussite”. Or, ces propos contredisent le sentiment qu’éprouvent les citoyens face à “ces compétences” qu’il a choisies.
Pour le reste de son discours, c’est comme tous les autres des autres chefs de gouvernement qu’on a eu depuis 2011.
“Face à une situation économique et financière difficile, il faut hâter les réformes dans un cadre protégeant les intérêts de la Tunisie et son peuple dont en premier, les catégories vulnérables, préconise Jemli, mettant en exergue le principe de la cohésion sociale”.
Il propose de “renforcer l’intervention de l’Etat dans le domaine social”, suggérant au passe “la création d’un fonds social de lutte contre la pauvreté avec une contribution de l’Etat à hauteur de 200 millions de dinars”.
Il a aussi soulevé le besoin pressant de réformer le système de la couverture sociale en assurant minimum d’intervention de l’Etat au profit des démunis.
Jemli a aussi mis en avant la réforme du système de santé à travers notamment le renforcement de la santé de proximité, la médecine de famille et un meilleur déploiement des cadres médicaux dans les régions. Il a, également, souligné l’importance de la complémentarité entre les secteurs public et privé.
Dans le domaine économique, il a, notamment évoqué le besoin de rétablir la confiance des investisseurs dans la Tunisie et du besoin de mettre en place un mécanisme qui permet au gouvernement d’approuver les grands projets d’investissement à travers des décrets gouvernementaux dans le but d’écourter les délais, insistant sur la nécessité d’améliorer la visibilité de la Tunisie auprès des investisseurs.
Aujourd’hui la Tunisie est appelée à parachever sa transition et asseoir les fondements de la deuxième République, a-t-il relevé, mettant l’accent sur l’urgence de compléter l’instauration des instances constitutionnelles dont en premier la Cour constitutionnelle, en application de la constitution et en consécration de l’Etat de droit.
Il a mis l’accent, aussi, sur le parachèvement de la décentralisation et la consolidation de la jeune expérience de la gouvernance locale en renforçant l’autonomie financière et de gestion des collectivités locales.
Jemli suggère, par ailleurs, la création de centres de réflexion regroupant des experts dans différentes disciplines pour projeter la Tunisie 2050 et de les doter des moyens financiers nécessaires.
Le chef du gouvernement désigné a, sur un tout autre registre, exprimé l’inquiétude face à la situation en Libye, mettant en évidence l’engagement à poursuivre les efforts pour faire prévaloir le bon sens et le consensus entre les factions libyennes sous les auspices des Nations Unies. Il a ajouté que la Tunisie, qui assure actuellement le mandat de membre non permanent du conseil de sécurité, soutient le dialogue et se présente comme force de propositions positives
défendant les justes causes dont en premier lieu la cause palestinienne.
En conclusion Jemli s’est dit prêt à revoir sa composition si nécessaire.
Sacré Jemli! Après avoir indiqué qu’il choisi ses ministres et secrétaires d’Etat parmi d’entre nous, Il se dit “prêt à revoir sa composition si nécessaire”. Il ne manque pas de culot notre Habib!