Nombre de députés ont accusé, dans leurs interventions lors de la séance de la soirée de la plénière consacrée à accorder la confiance au gouvernement proposé de Habib Jemli, “des pouvoirs régionaux de s’ingérer dans les affaires intérieures tunisiennes, afin de renverser le gouvernement Jemli, et œuvrent pour faire avorter l’expérience démocratique tunisienne”.
Les théoriciens du “complot”
Ils ont estimé qu’il existe des forces politiques actives sous le dôme du Parlement qui travaillent “dans l’intérêt de ces pouvoirs régionaux”. D’autres députés ont fait part de leurs craintes quant à l’impact du dossier libyen et aux éventuelles répercussions des développements sur le terrain dans ce pays, sur la sécurité et l’économie de la Tunisie, considérant que le gouvernement proposé par Habib Jemli n’a pas une couverture politique suffisante pour se prémunir contre toute retombée de la crise en Libye sur la Tunisie.
En effet, le député Sahbi Smara (indépendant / bloc de l’avenir) a indiqué que “la décision de renverser le gouvernement proposé par Habib Jemli a été prise dans des capitales étrangères”, accusant nommément les Emirats arabes unis et “les cercles coloniaux français”, d’œuvrer à rallier “les partis politiques en Tunisie pour faire chuter ce gouvernement et faire avorter l’expérience démocratique naissante”.
Pour sa part, la députée Jamila Ksiksi (bloc du mouvement Ennahdha) a critiqué “les bras et les soldats de la contre-révolution et leur loyauté envers les forces en dehors des frontières du pays”. “Il y a des tentatives de rejet de la confiance accordée à ce gouvernement”, a déclaré Ksiksi, notant que les “circonstances que vit le pays ne tolèrent plus le vide” et soulignant la nécessité de soutenir l’équipe du chef du gouvernement désigné et de lui donner confiance.
Le député Nidhal Saoudi (Coalition Al-Karama) a relevé la présence de pages émiraties et égyptiennes sur les sites de médias sociaux, encourageant, selon lui, “la chute du gouvernement des Frères musulmans en Tunisie”. Il a noté que “ces deux pays ne veulent pas le succès de l’expérience démocratique tunisienne”, soulignant la nécessité d’éviter le vide, notamment à la lumière des développements sur le terrain en Libye, qui présagent une guerre imminente.
Les pragmatiques
Quant au député Thamer Saad (Bloc du Parti constitutionnel libre), il a remis en question la capacité du gouvernement proposé par Habib Jemli, estimant qu’il n’est pas en mesure de faire face à la situation volatile en Libye. Et bien d’autres, comme Zied Ladhari
A cet égard, le député a critiqué les démarches de la diplomatie tunisienne dirigée par le président de la République Kais Saied, dans ses relations avec le dossier libyen, affirmant que donner confiance au gouvernement Jemli “rendra plus confuse la politique étrangère, d’autant plus que le gouvernement est tenu de traduire le plan diplomatique du président Saied par l’intermédiaire du ministère des Affaires étrangères”.
Pour sa part, le député Zouheir Maghzaoui (Bloc démocrate) a appelé dans un point d’ordre, les députés qui accusent les opposants au mouvement Ennahdha d’être à la solde de l’étranger, à “s’adresser au ministère public s’ils ont des dossiers entre leurs mains”. Il a estimé que ces accusations sont “sans fondement” et représentent “une tentative de discréditer les députés qui ne voteront pas en faveur du gouvernement Jemli”.
Dans un autre contexte, le chef du bloc démocrate au Parlement, Ghazi Chaouachi, a appelé le chef du gouvernement désigné au retrait avant de passer au vote de confiance. Il a critiqué dans son intervention le gouvernement Jemli, estimant qu’il “n’émanait pas du parlement”, et rappelant que “le président de la République l’a appelé à former un gouvernement politique, mais il a continué à former un gouvernement sans identité claire”.
Il a affirmé que “ce gouvernement ne peut pas représenter le peuple tunisien, et sa chute au Parlement donnerait une image négative de la Tunisie à l’étranger, à la lumière de la situation régionale en mouvement”.
Mais autres…
Quant au député Noureddine Arbaoui (le bloc du mouvement Ennahdha), il a exprimé son soutien au gouvernement, indiquant que le pays avait perdu beaucoup de temps dans les consultations de formation du gouvernement. Il a souligné que le mouvement Ennahdha a tenu quatre réunions officielles avec les dirigeants du Mouvement Echaab et du Mouvement démocrate sans parvenir à aucun accord avec ces deux partis.