Près de 88,2% des Tunisiens font face, chaque fin du mois, à des difficultés financières pour subvenir aux besoins de leurs foyers. C’est ce qu’a indiqué Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil, lors d’une conférence tenue samedi 11 janvier 2020 à Tunis sur le thème “Sortir de la détresse sociale! Pauvreté, inégalités, précarité, redistribution: quelles politiques pour sortir de la crise sociale?”
S’appuyant sur les résultats d’une enquête réalisée, en décembre dernier, par la fondation allemande KAS et SIGMA sur les inégalités en Tunisie entre perceptions et réalités, Zargouni a fait savoir que 88,2% des Tunisiens estiment que la crise économique a un impact sur leur vie et celle de leurs proches.
La même enquête, qui a couvert un échantillon de 1026 Tunisiens représentatifs, révèle que 66,2% des sondés considèrent que leur situation économique actuelle est mauvaise et 54,8% des Tunisiens estiment que l’écart entre les classes sociales s’est creusé encore plus à cause de l’augmentation générale des prix.
D’après Zargouni, 55,7% des Tunisiens déclarent qu’ils sont endettés et 69,5% déclarent qu’ils n’arrivent pas à épargner à la fin du mois.
Selon lui, l’économie demeure reléguée au second plan en Tunisie, contrairement à la politique, qui occupe une place centrale. C’est pour cette raison que, a-t-il dit, le pays fait face à une crise économique. Il a, à cet égard, appelé à la nécessité de mettre en place les mécanismes nécessaires afin de créer de la richesse.
Pour l’ancien ministre des Finances, Hakim Ben Hammouda, il est impératif de réfléchir sur un nouveau schéma de développement afin de sauver l’économie nationale, soulignant que l’ancien n’est plus en mesure de créer de la richesse et de réaliser une croissance à même de résorber le chômage.
“Cela incombe à la classe politique de laisser de côté les conflits et les tiraillements afin de développer l’infrastructure économique et la rendre compétitive”, a-t-il insisté.
Lors de cette conférence organisée par “Econ4Tunisia”, l’économiste Elyès Jouini a mis l’accent sur la nécessité d’instaurer un nouveau contrat social et d’élargir la base des affiliés sociaux afin de lutter contre les disparités régionales.