Malgré les réformes engagées, la croissance est devenue faible et insuffisante pour la mise en place des mécanismes étatiques de redistribution sociale équitable.
L’ardeur des réformistes des gouvernements successifs s’essouffle et des crises récurrentes font surface.
Dès lors, on a mis en œuvre des plans de stabilisation sous l’égide du FMI et de la Banque mondiale basés sur des programmes de réformes structurelles visant l’ouverture internationale du commerce, le financement et les investissements.
Ceci étant, la crédibilité de la politique économique est primordiale pour faire accepter par les marchés financiers une telle dérive des comptes publics.
Cette période a malheureusement accéléré les craintes des créanciers comme les emprunteurs qui redoutent les effets des lenteurs des réformes qui tardent à s’engranger.
Ces partenaires peuvent nous imposer des limites d’intervention qui trouve son origine dans l’endettement excessif et dans la fragilité sociopolitique.
A mon avis, la crise profonde a pu être temporairement différée grâce à la crédibilité d’une nouvelle politique monétaire (maîtrise de l’inflation) et surtout à un fort soutien de la communauté internationale avec une assistance financière officielle.
La difficulté aujourd’hui tient à l’insuffisance de l’épargne privée qui pénalise le financement domestique de l’investissement qui doit permettre une accélération de la croissance, qui n’a pas dépassé, depuis environ 5 ans, la moyenne de 1,5%.
Nous assistons à un épisode où l’épargne et l’investissement reculent de concert, la résultante est désastreuse pour obtenir une croissance potentielle facteur de stabilisation du chômage, qui nécessite une progression d’au moins 4% par an, en supposant des gains de productivité égaux à la moyenne de la décennie 1990.
En outre, le secteur privé peine à se substituer à l’Etat dans le domaine des investissements en infrastructure, ce qui constitue un handicap pour la croissance à moyen et long terme.
En retour, les indicateurs sociaux poursuivent leurs dégradations : chômage, inégalités sociales, etc. Un cercle vicieux fragilise le consensus politique et ne permet pas aux gouvernants de réorienter les prélèvements fiscaux vers les véritables enjeux de développement à long terme : éducation, santé, justice, culture, entre autres.
Il est également important de signaler que dans ce contexte, des nouvelles crises sont possibles et la marge de manœuvre des apporteurs des capitaux privés est déterminante au risque de voir l’histoire se répéter dans les années à venir.
Pour terminer, il me suffit de citer Voltaire qui disait : “Un jour tout sera bien, voilà notre espérance. Tout est bien aujourd’hui voilà l’illusion”.
HAMADI MOKDADI
- Diplômé en 3ème cycle des universités parisiennes en économie, banque et finance. Ancien directeur de banque et PDG de diverses sociétés financières, formateur et auteurs de plusieurs articles et essais).