Il faudra attendre son inscription en décembre dernier sur la liste définitive du patrimoine islamique de l’ISESCO (Organisation islamique pour l’éducation, les sciences et la culture) pour que la mosquée Alloula dans la région de Béni Khedèche (gouvernorat de Médenine) sorte de l’oubli.
Construite en l’an 565 de l’hégire, cette mosquée ibadite souterraine compte parmi les 159 sites archéologiques se trouvant dans cette zone montagneuse à l’ouest de Médenine, selon le président de l’Association de sauvegarde des ksour et de protection du patrimoine à Béni Khedèche, Kilani Dhaouadi.
En plus de son rôle de lieu de culte, la mosquée Alloula a rempli d’autres fonctions, notamment celles éducatives et sociales. Elle a ainsi joué le rôle de maderassa en accueillant les étudiants des régions voisines venus apprendre les sciences charaïques, Al fiqh (jurisprudence) et les enseignements de l’ibadisme (une tendance de l’islam fondée moins de 50 ans après la mort du prophète Mohammed). En témoignent les grottes situées à proximité de la mosquée où logeaient les apprenants.
Le site abrite également des greniers pour stocker les denrées, d’où, suppose-t-on, la fonction sociale et économique qui lui était dévolue.
Selon Dhaouadi, l’architecture, les gravures et les voûtes de la mosquée souterraine montrent que le site a été conçu pour protéger les fidèles et leurs croyances religieuses, l’ibadisme qui s’est propagé dans la ville de Demmer, à Béni Khedèche puis dans l’île de Djerba.
Inscrire ce monument du patrimoine islamique sur la liste définitive du patrimoine de l’ISESCO est une reconnaissance de sa valeur et implique une grande responsabilité pour le préserver et le restaurer, sachant que 30% de l’édifice est tombé en ruines, regrette Kilani Dhaouadi.
L’Association de sauvegarde des ksour et de protection du patrimoine à Béni Khedèche souhaite que ce lieu de culte soit considéré non seulement comme patrimoine islamique mais également l’inscrire dans une deuxième étape comme patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le but est aussi de l’intégrer dans le circuit touristique et d’en faire une destination pour les touristes et les chercheurs pour en connaitre les composantes.