Le livre de l’ambassadeur Salah Baccari est aussi un véritable cours magistral sur l’art et les règles de l’action diplomatique en général et du travail d’un ambassadeur en particulier. Qui devrait en faire le livre de chevet de nos ambassadeurs en herbe.
Comme son titre –«Ambassadeur au Royaume du Maroc»- ne l’indique pas, le livre de Salah Baccari n’est pas le compte-rendu du parcours et de l’expérience du représentant de la Tunisie dans ce pays frère à être resté le plus longtemps en poste –treize ans, de 1997 à 2009. Les lecteurs qui ont cru avoir entre les mains un ouvrage plein de révélations croustillantes sur le Maroc et les relations tuniso-marocaines l’apprendront à leurs dépens. Mais l’ex-journaliste, qui incarne à la perfection la fameuse phrase de l’écrivain et critique dramatique français –«le journalisme mène à tout à condition d’en sortir»- puisqu’il a quitté le journalisme et a exploré plusieurs voies sur le plan professionnel, a également évité de tomber dans la facilité : un livre relatant son parcours d’ambassadeur. Le livre de l’ambassadeur Salah Baccari c’est bien sûr cela mais plus que cela.
Bien sûr, l’ancien ambassadeur a levé un coin du voile tant sur certaines réalités du pays où il a passé ses treize dernières années d’activité –M. Baccari a fait valoir ses droits à la retraite dès son retour en Tunisie-, ses plus importants personnages –en particulier le roi Hassan II et le roi Mohammed VI-, que sur ses rapports avec la Tunisie.
Ses observations, analyses et révélations concernant son pays d’adoption –durant les treize années qu’il y a passées, M. Baccari y a bâti un vaste et solide réseau de relations et même d’amitiés, y compris au plus haut niveau de l’Etat marocain- lui ont valu des félicitations et même l’aveu d’un diplomate marocain qu’il a appris dans «Ambassadeur au Royaume du Maroc» des choses qu’il ignorait concernant son propre pays.
Mais l’ancien conseiller du président et ministre de la Culture se sert aussi, en quelque sorte, du récit de son expérience d’ancien ambassadeur de Tunisie –la seule dans son parcours politique et professionnel- comme d’un prétexte pour embarquer le lecteur dans un enrichissant voyage intellectuel et historique.
La Tunisie y figure bien sûr en bonne place. A propos de laquelle M. Baccari livre analyses et prises de positions critiques de certaines politiques et initiatives qu’il considère comme déplacées, voire nocives. Comme lorsqu’il pointe du doigt les faiblesses du régime de Ben Ali en matière de communication –plus particulièrement celles de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) et sa propension à ne pas reconnaître ses faiblesse.
Last but not least, le livre de l’ambassadeur Salah Baccari est aussi un véritable cours magistral sur l’art et les règles de l’action diplomatique en général et du travail d’un ambassadeur en particulier. Ce qui devrait en faire le livre de chevet de nos ambassadeurs en herbe.
Publié par les Editions Nadhar, 2019, 318 pages, 25 DT.
Moncef Mahroug