Développeur de l’application mobile “Ahmini” dédiée à la couverture sociale des femmes rurales, Maher Khelifi fait partie de cette jeunesse tunisienne qui a choisi la voie de entrepreneuriat pour contribuer à l’essor économique de son pays.
“Nous sommes en mesure de hisser notre pays à un niveau supérieur si chacun de nous y met du sien”, lance Maher Khelifi avec ferveur et détermination, devant un parterre de jeunes venus des quatre coins de la Tunisie pour participer au 1er hackathon national Open Data, qui se déroule du 24 au 26 janvier à Hammamet.
“Il y a encore trois ans, je n’étais qu’un simple journalier. Aujourd’hui, je suis à la tête d’une start up qui emploie 300 personnes. Tout est possible, il suffit seulement d’y croire”, assure Maher dans un discours prononcé sous un torrent d’applaudissements du jeune public.
Du haut de ses 34 ans, ce natif de la ville de Chebika, dans le gouvernorat de Kairouan, est le développeur de l’application mobile “Ahmini” (Protège-moi), visant à faciliter l’accès des femmes rurales à la couverture sociale.
Parrainée en 2019 par la Caisse nationale d’assurance maladie et Tunisie Telecom, cette application permet aux agricultrices d’envoyer en temps réel leurs cotisations sociales directement à partir de leur solde de téléphone. L’objectif est d’éviter à ces femmes les contraintes liées aux déplacements et aux démarches administratives.
Détenteur d’un master en industrie mécanique, Maher Khelifi a eu l’audace de pousser la porte de entrepreneuriat social, alors que rien ne le prédisposait à devenir un chef d’entreprise accompli.
“Avant de me lancer dans cette aventure, je ne disposais d’aucune connaissance de l’univers de entrepreneuriat. Je ne possédais même pas un Smartphone. Pourtant, cela ne m’a pas empêché de participer à un hackathon dédié à l’inclusion socio-économique des femmes rurales”, se souvient-il.
Organisé en 2017 par la Banque mondiale, ce hackathon a permis non seulement à Maher de se familiariser avec l’univers de entrepreneuriat mais de concevoir, également, son application mobile qui lui a valu, à l’époque, le Grand prix du jury.
“Ahmini est un projet qui me tient vraiment à cœur car je connais le calvaire quotidien de ces femmes, étant originaire d’un milieu rural”, témoigne-t-il.
Mon avenir, je le conçois en Tunisie
Depuis ce hackathon, Maher a enchaîné les compétitions nationales et internationales où il n’avait aucun adversaire à sa mesure. Les prix qu’il a remportés lui ont servi à monter sa start up, qui a permis à 2 000 femmes rurales de bénéficier de carnets de soins.
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“Aujourd’hui, je m’apprête à exporter mon application mobile à l’international. Je vais signer prochainement des conventions avec onze pays africains dont le Maroc”, se félicite le jeune homme dont le souhait est de faire de entrepreneuriat une locomotive de l’économie nationale.
“J’ai reçu plusieurs offres d’emploi à l’étranger mais je les ai toutes déclinées. Mon avenir, je le conçois ici, en Tunisie. Je veux concevoir d’autres projets afin de contribuer à l’essor économique de mon pays”, souligne-t-il.
D’ailleurs, il a choisi aujourd’hui de concourir à cette nouvelle édition de hackathon dédiée à l’Open Data pour développer son application mobile : “Initialement, je devais participer à cette compétition en tant que membre du jury. Mais, j’ai finalement décidé de faire partie des candidats car je dispose encore d’idées qui peuvent améliorer le quotidien des femmes rurales”.
Mehdi s’apprête à présenter au jury une solution mobile innovante destiné à faciliter l’accès des femmes rurales au transport et à réduire ainsi les risques d’accidents auxquels elles sont exposées.
“Je continuerai à servir la cause des femmes rurales. Sans elles, je ne serais jamais devenu ce que je suis aujourd’hui”, conclue-t-il.