“En l’absence d’une stratégie de relance économique clairvoyante avec la Libye, la Tunisie risque de perdre définitivement ce marché”, craint Ghazi Moalla, spécialiste du marché libyen.
Intervenant lors d’un déjeuner-débat tenu jeudi 30 janvier à Tunis, sur les enjeux politiques et économiques de la situation en Libye et ses impacts sur la Tunisie, il a rappelé que la Tunisie a commencé à perdre des parts de marché dans ce pays depuis 2014, année durant laquelle les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint 1,8 milliard de dinars, contre 2,5 milliards de dinars en 2011.
“Avant 2014, les produits agroalimentaires tunisiens dominaient le marché libyen, lesquels sont remplacés aujourd’hui par ceux turcs”, déplore-t-il, car, 80% des produits qui existent actuellement dans les rayons des supermarchés libyens sont turcs.
La Tunisie a choisi de rester à l’écart de la scène politique libyenne, à l’heure où d’autres pays comme la Turquie ont préféré occuper un rôle de premier plan et cela s’est répercuté négativement sur les échanges commerciaux tuniso-libyens.
Selon l’expert, il est inadmissible que la Tunisie n’ait pas nommé jusque-là un ambassadeur en Libye, lequel pourrait jouer dans le renforcement de la présence économique de son pays.
“Des pays comme la France et l’Egypte disposent chacun d’un bureau rattaché à la présidence de la République chargé exclusivement des affaires économiques avec la Libye, ce qui n’est pas le cas de la Tunisie”, fait-il remarquer.
Hamadi Abid, entrepreneur tunisien opérant en Libye, dira pour sa part que la diplomatie économique tunisienne est “quasi-inexistante” en Libye depuis 2010. L’accent doit être mis sur la réactivation des commissions conjointes tuniso-libyennes afin de faciliter les opérations économiques, suggère-t-il.
S’exprimant à cette occasion, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, a formulé l’espoir de voir les échanges commerciaux tuniso-libyens s’intensifier davantage afin de retrouver le niveau de 2010, faisant savoir que le volume des échanges de la Tunisie avec la Libye a atteint 1,7 milliard de dollars en 2019.
“Malgré sa crise politique, la Libye reste un gros producteur de pétrole”, rappelle-t-il, soulignant l’impératif de lever les restrictions pour les investisseurs libyens.