Les banques tunisiennes sont quasi-absentes dans les pays d’Afrique subsaharienne, déplore le président du Conseil d’affaires tuniso-africain (TABC).
En marge du démarrage de la 3ème édition du “FITA” -Financing Investment & Trade in Africa- qui se tient les 4 et 5 février à Tunis, Bassam Loukil a fait savoir que seule la Société tunisienne de Banque (STB) possède une agence en Afrique au sud du Sahara; alors que la Banque de l’Habitat possède seulement des participations dans quelques banques africaines.
D’après le président du TABC, cette absence de banques tunisiennes résulte de l’absence d’un cadre juridique clair et d’une vision politique, précisant que le retard pris dans l’adoption du projet de loi portant amendement le code des changes et l’absence d’une ligne maritime entre la Tunisie certains pays du continent sont les principaux obstacles empêchant l’installation des entreprises locales.
Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, assure, pour sa part, que l’institut d’émission œuvre à suivre la dynamique économique que connaît le continent africain, à travers l’instauration de mesures visant à atténuer les pressions sur le change entravant les transferts et les transactions financières avec l’extérieur.
Il précisera par la suite que les transferts au titre des investissements à l’étranger seront aussi au cœur des réformes envisagées par la BCT pour la période 2020/2021. Une libéralisation des garanties relatives à la couverture des crédits de gestion octroyés par les banques étrangères aux filiales des entreprises résidentes à l’étranger est aussi prévue.
Abassi a aussi évoqué l’internationalisation des banques tunisiennes, “devenue nécessaire voire vitale pour accompagner les acteurs économiques et les entreprises tunisiennes, notamment exportatrices sur les marchés extérieurs…”.
Il qualifie cependant de modeste la présence des banques tunisiennes en Afrique, malgré la présence de la STB, de la BH, d’Amen Bank et de deux sociétés de leasing dans nombre de pays africains.
Le Maroc, le Sénégal et la Côte d’Ivoire, a-t-il souligné, ont été les destinations préférées des investissements tunisiens en Afrique en 2018, avec des parts respectives de 48%, 24% et 19%, insistant sur l’importance de renforcer cette tendance et de la généraliser à d’autres pays.
Quant au ministre des Finances et du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale par Intérim, Ridha Chalghoum, il a fait remarquer que le continent africain est le moins intégré économiquement et que la part des exportations entre les pays africains ne dépasse pas les 14% contre 37% vers l’Europe et 30% vers l’Asie.
Il a affirmé que les meilleures performances en termes d’intégration ont été réalisées par le secteur privé, appelant à élargir l’intégration aux secteurs de l’agroalimentaire, l’éducation, les télécommunications, le transport.
Il a souligné l’importance du rôle des décideurs politiques dans la mise en place de politiques publiques à même de favoriser l’intégration économique en accélérant la mise en place de zones économiques régionales et l’instauration d’une nouvelle vision des mécanismes de coopération africaine.
Toujours selon Chalghoum, les entreprises nationales concentrent leurs efforts sur les pays voisins, notamment maghrébins, et c’est ce qui fait que la part des exportations tunisiennes destinée au marché africain ne dépasse pas 3% du total des exportations.