S’il est établi que la réalisation d’un projet de fin d’études vient couronner un cursus universitaire fait de sacrifices et de sueur, le chemin de la réussite dépendra, toujours, d’un ensemble de facteurs tant aléatoires que non maîtrisés.
Partant du principe que l’encadrement des projets de fin d’études implique une forme de contrat moral entre directeur de projet et étudiants, les termes de ce contrat viennent souvent à être maltraités, de part et d’autres, pénalisant, par voie de conséquence, les deux parties de l’engagement.
Au commencement, intervient le choix de l’encadrant académique, une étape cruciale qui façonnera, dans une large mesure, le reste du parcours. Les étudiants arrêtent alors leur choix et conviennent de travailler sous la supervision de leur directeur de projet sur la base de l’objet de recherche, mais pas seulement.
“C’est une étape à ne pas sous estimer, les premiers critères selon lesquels j’ai basé mon choix ont impliqué, en plus de la disponibilité de l’encadrant, sa responsabilité et sa réputation à accompagner ses étudiants d’une manière correcte”, indique Jed, fraîchement diplômé de l’Université centrale. Et d’ajouter : “Il me fallait un directeur de recherche qui soit disponible en termes de temps et d’énergie. Un minimum d’expérience et de connaissances relatives au thème du projet de fin d’études ont également fait pencher la balance dans le choix d’un enseignant au détriment d’un autre”.
L’autre partie de l’équation, et pas des moindres, le directeur de projet. Il accepterait de superviser tel ou tel étudiant sur la base de critères objectifs ayant trait dans la plupart du temps à l’intérêt du sujet et à l’engagement de l’étudiant.
“L’intérêt est mutuel” considère Ferdaous Chaabane, qui enseigne le traitement des signaux et images à l’Ecole supérieure de communication de Tunis. Elle explique: “L’étudiant tire profit de l’expérience et du savoir-faire de l’encadrant, il est encore en phase d’apprentissage. Si le projet est effectué dans un laboratoire de recherche situé au sein de l’université, alors l’encadrant en profite pour développer des idées de projets qu’il a envie de réaliser. S’il se déroule dans une entreprise, il tire alors profit de l’ouverture sur le monde industriel et reste à l’écoute des évolutions technologiques”.
Les enseignants universitaires désirent faire avancer leur productivité en termes de recherche, tandis que les étudiants mettent en point de mire, l’obtention d’un diplôme pour une intégration sur le marché du travail. “D’où l’impériosité de respecter un certain engagement moral”, insiste Chaabane.
Et d’ajouter : “Un encadrant sérieux devrait suivre l’état d’avancement du projet toutes les semaines soit par email, skype ou autre. Il doit valider les différentes étapes du projet depuis la définition du cahier de charge et la conception jusqu’à la réalisation et la validation. Il doit aussi corriger le rapport et le valider”, dit-elle.
“Néanmoins, certains professeurs se contentent de voir l’étudiant à seulement deux reprises : une première fois pour signer la fiche du projet et la deuxième pour signer le rapport à déposer. Il n’y a aucun encadrement ou suivi. Dans ce cas, l’étudiant peut se débrouiller tout seul ou avec l’encadrant de l’entreprise. Il se trouve que la plupart des PFE ratés se situent dans cette catégorie (objectifs non atteints, résultats médiocres, rapport non structuré et mal rédigé, etc.)”, fait-elle savoir.
D’autre part, “un étudiant sérieux devrait transmettre un état des lieux régulier à son encadrant et se conformer aux recommandations et conseils. Certains d’entre eux bâclent le travail, et la plupart réalisent un rapport d’une manière expéditive”, poursuit-elle.
Elle énumère, d’autre part, les problèmes d’encadrement auxquels les directeurs de projets font face : “le non sérieux, l’absentéisme, le manque de collaboration de l’entreprise, le non sérieux de certains membres de jury qui ne lisent pas le rapport, conduisant inévitablement à une évaluation biaisée”, selon elle.
Chaabane explique à cet effet que la réussite d’un PFE peut être un tremplin pour l’étudiant souhaitant s’imposer sur le marché du travail. Des PFE dans certaines spécialités sont suivis dans 90% de propositions de pré-embauches si l’étudiant s’est bien intégré dans l’équipe, a fait preuve d’un grand sérieux et a obtenu des résultats prometteurs… Si le niveau de l’étudiant n’est pas satisfaisant, alors il n’aura pas de proposition d’embauche”.
Toujours est-il que les mauvaises expériences en la matière sont légion. “J’ai cru bon faire d’opter pour un directeur de projet qui était mon enseignant au cours de l’année, la réalité était tout autre, il ne répondait pas à mes messages, ou alors très tardivement; il n’était jamais disponible, les quelques réunions qu’on avait tenues ne dépassaient pas, au mieux, une dizaine de minutes, après quoi, il s’empressait de disparaître me laissant en plan”, raconte Hichem, un étudiant en sciences humaines à la Faculté 9 Avril de Tunis, narrant les déboires qui avaient accompagné l’élaboration de son mémoire de fin d’études.
“Le jour de la délibération, mon professeur encadrant faisait revirement sur des éléments qu’il avait auparavant attesté, m’enfonçant à tort avec le reste des membres du jury, bref j’en garderai toujours un très mauvais souvenir, a-t-il poursuivi. Cette relation pédagogique, s’inscrit en définitif dans la durée, avec pour finalité affichée de développer les compétences à la recherche qui seront attestées institutionnellement par un diplôme”.
Pas de recette qui marche à tout les coups, s’accordent à dire les interviewés.