La Commission des martyrs et des blessés de la révolution et de mise en œuvre de la loi générale d’amnistie et de justice transitionnelle a entendu, lundi 10 février au Parlement, des représentants d’organisations de la société civile et d’un certain nombre de blessés de la révolution et des familles des martyrs.
Dans ce cadre, elle a auditionné à huis clos le président de l’Instance supérieure des droits de l’Homme et des libertés fondamentales, Taoufik Bouderbala, ainsi que la présidente de l’Instance générale des résistants, des martyrs et blessés de la révolution et des opérations terroristes relevant du gouvernement, Amal Mastouri.
Les représentants de certains blessés de la révolution et des familles des martyrs ont présenté à la Commission un ensemble de données et de propositions concernant la publication de la liste définitive des martyrs et des blessés et la prise en charge des blessés.
Dans ce contexte, Lamia Farhani, avocate et présidente de l’association “Wafa”, a mis en garde contre l’accroissement du nombre de morts et des blessés de la révolution du fait de la détérioration de leur état de santé. Elle a demandé que les blessés soient autorisés à effectuer des contrôles périodiques (tous les 3 mois) à l’hôpital militaire.
Elle a également critiqué la multiplicité des commissions qui ont été créées dans le cadre de ce dossier, déclarant que le résultat des travaux de ces commissions “était très faible”.
Elle a également exigé que les parties qui président ces commissions soient tenues responsables, et a critiqué la performance de l’actuel président de l’Instance supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales, Taoufik Bouderbala, qui a publié en octobre dernier une liste (non définitive) des blessés et des martyrs de la révolution.
Elle a estimé que “Bouderbala a induit en erreur certaines familles des blessés, sachant à l’avance que cette liste n’est pas officielle, et ne peut pas avoir d’effets juridiques”.
D’autre part, Lamia Al-Farhani a appelé la commission parlementaire à reconsidérer les critères selon lesquels les martyrs et les blessés ont été classés par l’Instance, et a également appelé à fixer un délai pour que le pouvoir judiciaire administratif examine les appels présentés par les familles, demandant également à la commission d’examiner “la manipulation par le pouvoir judiciaire militaire du dossier des martyrs et des blessés de la révolution”.
En outre, la commission parlementaire a auditionné Mohamed Hédi Fatnassi (Association tunisienne des blessés de la révolution), qui a affirmé que les familles des blessés et des martyrs veulent une solution à ce dossier, et la publication de la liste définitive, avec la nécessité d’enquêter sur le grand nombre de dossiers, qui dépassent le nombre de 4000, renvoyés à l’Instance supérieur des droits de l’homme et des libertés fondamentales, “dans le but d’entraver cet organe”.
La session a été marquée par un échange d’accusations entre la présidente de l’association Wafa, Lamia Farhani (avocate) et la rapporteuse de la commission parlementaire, Laila Haddad (avocate), au sujet des plaidoiries de Haddad et son époux dans les cas de martyrs et de blessés. La député du Mouvement démocrate, Samia Abbou (non membre de la commission) a demandé de recourir aux structures des avocats pour régler le différend et résoudre les problèmes entre les deux avocates en dehors des cadres de la Commission des martyrs et des blessés, et d’appliquer la loi d’amnistie générale et de justice transitionnelle.
Abbou a également appelé cette commission à tenir une autre session entre les représentants du ministère de la Santé, la présidente de l’Instance générale des résistants, des martyrs et des blessés de la révolution et des opérations terroristes rattachée au gouvernement, Amal Mestouri, et la famille du défunt martyr de la révolution, Tarik Dziry.
La commission devrait, selon son président, Seif Eddine Makhlouf, tenir prochainement d’autres réunions à ce sujet. De son côté, Amal Mastouri a refusé de faire une déclaration à la presse après la fin de l’audience au siège du parlement.
Le président de la commission des martyrs et des blessés, de la mise en œuvre de la loi d’amnistie générale et de justice transitionnelle, Seifeddine Makhlouf, l’a citée lors de l’audition des représentants de la société civile, des familles des martyrs et des blessés, disant que si “la liste définitive des martyrs et des blessés de la révolution était publiée, un certain nombre de blessés se retrouveraient privés de traitement gratuit, ce qui va poser un problème”.