La 8ème édition du Salon international de la banque, de l’assurance et des services financiers “Expo Finances 2020“, organisée par l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) en collaboration avec la Fédération tunisienne des sociétés d’assurances (FTUSA) et le groupe Sogefoires, a été inaugurée le 13 février 2020 par le ministre des Finances, Mohamed Ridha Chalghoum et le vice-gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Nadia Gamha.
Ce salon qui s’est déroulé du 13 au 15 février, a constitué un rendez-vous de rencontres et d’échanges entre différents acteurs et professionnels de la sphère financière et bancaire en Tunisie ainsi que les porteurs de projets et les créateurs de produits financiers innovants.
En présence de Nadia Gamha, du président de l’APTBEF, Habib Ben Hadj Kouider, du président de l’UTICA, Samir Majoul, du vice-président de l’APTBEF, Mohamed Kaaniche, ainsi que d’un parterre de hauts responsables financiers, Ridha Chalghoum a souligné que le Salon est une occasion pour continuer à travailler sur certains dossiers permettant d’équiper l’entreprise tunisienne de tous les moyens financiers indispensables pour être compétitive puisqu’elle travaille désormais dans un cadre ouvert et elle est en concurrence avec même des entreprises internationales.
«La disponibilité des financements est en effet primordiale pour la survie de l’entreprise. Parlons du financement, cela concerne aussi les moyens et les dispositifs nécessaires pour l’obtenir instantanément et bénéficier d’un service rapide avec la possibilité de faire des transferts instantanés selon les normes et les standards internationaux puisque tout retard pourrait causer des coûts supplémentaires», a-t-il indiqué.
Inclusion financière
Le ministre des Finances a ajouté que l’inclusion financière est aujourd’hui la voie la plus rapide pour fournir des services efficaces et créer de l’emploi. Un avis partagé par le président de l’APTBEF, Habib Ben Hadj Kouider, qui a insisté pour suivre la révolution du marché et la mutation du secteur.
«Ce salon est une opportunité d’affaires et de promotion des moyens innovants de paiement et des nouveaux services bancaires et financiers», a-t-il déclaré. Il s’est montré optimiste, considérant qu’il est important d’organiser un tel salon car les visiteurs pourront voir que les professionnels du secteur continuent à travailler pour mieux répondre à leurs attentes.
«La banque change aujourd’hui. Je parle d’une révolution digitale qui se fait au niveau des banques et de leur système d’information. Ce dernier touche d’ailleurs le process, le personnel, l’offre de produits et la perception des clients», a-t-il souligné.
Mobile Payment
Ben Hadj Kouider a par ailleurs valorisé le rôle des jeunes expliquant que l’évolution du secteur se fait grâce à eux et à leur capacité de résistance pour monter leurs propres projets. Il a en effet appelé les professionnels à les accompagner. Il a, sur un autre plan, rappelé les réformes engagées au niveau du secteur bancaire et financier qui lui permettent aujourd’hui de continuer à se développer.
En conclusion de son intervention, le président de l’APTBEF a insisté sur la nécessité de réussir le challenge du Mobile Payment. «Les personnes qui habitent en ville ou en campagne ont le droit d’accéder à des services bancaires», a-t-il dit.
Réforme du code des changes
Samir Majoul, président de l’UTICA, a de son côté considéré que le financement est la problématique récurrente chez les entreprises tunisiennes particulièrement les micro-entreprises et les PME qui constituent le principal vivier de création d’emploi et représentent une majorité dans le tissu économique national. «L’absence des fonds nécessaires à la réalisation des investissements et l’accès difficile aux crédits bancaires ont poussé certains grands groupes à ajourner ou à annuler leurs projets d’investissement», a-t-il enchainé.
Samir Majoul a ensuite lancé un appel aux autorités financières pour réformer le code des changes : «Nous avons besoin d’une monnaie qui nous connecte au reste du monde et non une monnaie qui nous isole. Nous pensons que le non convertible a fait son temps. Il faut passer maintenant à la convertibilité du dinar afin de pouvoir saisir les opportunités offertes par l’économie mondiale».
Démocratiser l’accès aux services financiers
Pour sa part, Nadia Gamha a déclaré que la révolution numérique est aujourd’hui une réalité incontournable. Elle envahit le quotidien de tout le monde et conditionne son style de vie. Elle bouleverse ainsi l’industrie bancaire et le monde de la finance en général. Les acteurs financiers classiques notamment les banques et les assurances sont actuellement en train de gérer un véritable problème d’adaptation aux exigences actuelles du secteur.
«Selon une étude réalisée récemment, près de 3 milliards de personnes dans le monde utiliseront leurs mobiles, leurs tablettes, leurs ordinateurs et leurs montres connectées pour accéder aux services bancaires en 2021. Devant ce constat, les banques seront contraintes à se réinventer sans perdre de temps. Si les banques ne se transforment pas, les clients n’hésiteraient pas à aller chercher les services bancaires chez de nouveaux acteurs non bancaires comme les GAFA, les opérateurs téléphoniques, les géants du commerce électronique, mais aussi les startups de finance digitale nommées communément Fintech», a-t-elle expliqué.
D’ailleurs, Nadia Gamha a saisi cette occasion pour mettre en exergue le rôle joué par la BCT dans la promotion des nouvelles technologies et de la Fintech afin, d’abord, de démocratiser l’accès aux services financiers de qualité et à moindre coût, et ensuite, de soutenir sa stratégie de decashing.
Elle a rappelé dans ce sens que la BCT a toujours encouragé l’intégration des nouvelles technologies à travers plusieurs initiatives comme la création en 2019 d’un comité Fintech dont le rôle est de faciliter l’interaction avec l’écosystème de Fintech et le lancement en janvier 2020 de la Sandbox réglementaire qui constitue un espace sécurisé pour que les Fintech viennent expérimenter leurs nouvelles solutions dans les domaines bancaire et financier.
Il s’agit enfin de la circulaire émise par la BCT en décembre 2019 qui encadre l’activité de nouveaux opérateurs sur le marché bancaire à savoir : les établissements de paiement.