Deux ou trois établissements de paiement entreront en activité, dans les prochains jours, dans ce domaine après avoir obtenu l’autorisation de la Banque centrale (BCT), a annoncé, mardi 18 février, son gouverneur, Marouane Abassi.
Ces établissements de paiement font partie de plusieurs sociétés ont déposé des demandes dans ce sens auprès de la BCT. Ils permettront aux personnes qui étaient exclues du système bancaire d’accéder aux services financiers, a-t-il expliqué, dans une déclaration en marge d’une conférence “sur l’inclusion financière : enjeux et défis de la transformation numérique”.
Ces établissements constitueront un outil stratégique dans l’absorption de l’argent cash de l’informel et l’encouragement des acteurs de ce secteur à s’intégrer dans les circuits de l’économie formelle. Ils offriront leurs services quasiment sans frais financiers et entretiendront des relations avec le secteur bancaire, selon Abassi.
A noter que l’article 14 du circulaire de la BCT 2018-16 qui régit l’activité et le fonctionnement des établissements de paiement stipule que ces établissements sont autorisés à ouvrir des comptes de paiement de trois niveaux “compte de niveau 1”, “compte de niveau 2” et “compte de niveau 3”. A chaque niveau de compte correspond des limites par plafond de solde et par montant global des sorties de fonds à partir du compte de paiement par jour.
Le solde du compte de paiement de niveau 1 est plafonné à 500 dinars alors que le montant global des sorties de fonds à partir de ce compte ne doit pas dépasser les 250 dinars par jour.
Le solde du compte de paiement de niveau 2 est plafonné à 1000 dinars sans toutefois que le montant global des sorties de fonds à partir du compte de paiement ne dépasse 500 dinars par jour.
S’agissant du compte de paiement de niveau 3, le solde est plafonné à 5000 dinars sans toutefois que le montant global des sorties de fonds à partir de ce type de compte ne dépasse pas les mille (1 000) dinars par jour.
Evoquant l’inclusion financière, Abassi a fait savoir par ailleurs que de nombreuses disparités se révèlent, notamment par genre, soulignant que 51% des femmes tunisiennes sont des clientes d’une institution formelle, contre 71% pour les hommes.
Seules 6% des femmes tunisiennes sont des clientes actives d’institutions formelles (au moins 3 transactions par mois sur un compte), contre 12% des hommes.
Il a ajouté que si 21% des hommes ont utilisé un moyen de paiement autre que le cash au moins une fois par mois, ce chiffre n’atteint que 13% seulement, pour les femmes.
Par type d’institution financière, 43% des hommes sont des clients des banques et 35% sont des clients de la Poste, tandis que les femmes sont principalement, des clientes de la Poste (30%) contre, 23% sont des clientes des banques.
Les femmes possèdent un niveau de connaissance financière moins élevé que les hommes, avec une note moyenne de 2,9/7 au test contre 3,3 pour les hommes.
globalement, les Tunisiens, quel que soit leur profil sociodémographique rencontrent les mêmes barrières à l’inclusion financière, à savoir l’information et la protection du consommateur, le coût, l’inadéquation entre l’offre et la demande et le manque de connaissances financières, a-t-il encore dit.
Par genre, le manque de connaissance financière constitue une barrière plus importante pour les femmes.
Les gérants de micro-entreprises font face aux mêmes barrières, quel que soit leur genre. On constate cependant, chez les gérants femmes une perception plus dégradée de l’adéquation entre l’offre et la demande, de l’information et de la protection du consommateur et un plus faible niveau de connaissance financière, a noté le gouverneur.
Pour sa part Leila Belkhiria Jaber, présidente de la CNFCE (Chambre nationale des femmes chefs d’entreprise) qui a organisé la conférence, a mis l’accent sur l’inadéquation entre l’offre financière et les exigences de l’entreprenariat féminin.
Elle a évoqué les garanties exigées des femmes alors que la majorité d’entre elles ne possède pas de biens fonciers pour pouvoir consentir la garantie requise, outre la lenteur des procédures et le taux d’intérêt élevé.
D’après une étude réalisée par la CNFCE et l’Organisation internationale du travail (OIT), les institutions financières n’ont pas une approche genre en matière d’accès au financement et traitent tous les clients sur un pied d’égalité, a-t-elle dit.
64% des femmes cheffes d’entreprise interrogées considèrent le financement comme une problématique majeure lors de la création de l’entreprise.