L’Alliance pour la croissance économique et pour l’emploi (ACE) / Dialogue social, composée de la GIZ et de la Chambre tuniso-allemande de l’industrie et du commerce (AHK), a organisé un atelier de réflexion ayant eu pour thème : « L’employabilité : regard vers le marché de l’emploi ».

La rencontre s’est déroulée à dans un hôtel à Tunis, en présence des partenaires sociaux : UTICA, UGTT, ANETI, ministère des Affaires sociales…

Pour ce faire, les organisateurs ont convié à l’assistance à deux présentations fort éloquentes.

La première intervention a été présentée par Hafedh Ateb (consultant indépendant en emploi, formation, R&D innovation…) sur “L’employabilité des jeunes en Tunisie : défis et opportunités“.

La seconde présentation c’est celle de Mark-Cliff Zofall (chef du département orientation professionnelle et chef du projet des systèmes d’information pour la recherche au sein de l’Agence fédérale de l’emploi), dont le thème est “Accompagnement professionnel tout au long de la vie : orientation, conseil et maintien de l’employabilité“.

Déjà premier constat. Rien que par ces deux intitulés, on déduit que la problématique d’emploi/chômage est différente en Tunisie et en Allemagne.

En effet, si en Tunisie, on se bat pour résoudre le problème du chômage, en Allemagne il s’agit plutôt d’un processus de maintien en activité des employés.

D’ailleurs, avec une population de moins de 12 millions d’habitants, la Tunisie compte, officiellement, plus de 15% de chômeurs, alors que l’autre côté du Rhin, avec 83 millions d’habitants, il n’y a que 5 millions de chômeurs.

Hafedh Ateb considère que le taux de 15% de chômeurs en Tunisie est archi-faux. Chiffres à l’appui.

Autre différence de taille : en Allemagne, le nombre de chômeurs dans la population des diplômés est très bas (environ 3%, contre près de 10% parmi les non-diplômés). C’est tout à fait le contraire de la Tunisie.

M. Zofall nous apprend également que les jeunes allemands, tout en étant à école, apprennent déjà un métier. Ce qui facilite leur intégration sur le marché du travail dès qu’ils auront obtenu leur diplôme.

Et ce pas tout. L’Allemagne a également mis en place deux  modèles de formation : l’un sur la formation professionnelle, l’autre sur la formation continue. Et tout est fait, ou presque, pour que les gens se réalisent, se développent, s’améliorent dans leur être intérieur et pour l’entreprise.

Ceci s’ajoute à une diversification très poussée de l’économie allemande.

Mark-Cliff Zofall a aussi évoqué la problématique des retraites en Allemagne. Ainsi, l’âge de la retraite est aujourd’hui de 67 ans, mais des discussions sont en cours que le repousser davantage.

Dans ce cadre, il avoue que son pays commence à être confronté au problème du vieillissement de sa population et surtout l’irruption de la digitalisation dans l’industrie, et que, de ce fait, il faudra trouver une solution en matière de main-d’œuvre. C’est cela que la question de formation continue est quelque chose de très important.

Disons enfin que l’objectif de cet atelier de réflexion est de proposer un cadre de dialogue qui s’inspire de celui de l’Allemagne. L’idée maîtresse est de proposer des recommandations claires, précises et applicables en vue d’engendrer un manuel national de l’employabilité.

Durant les débats, plusieurs questions ont concerné l’adéquation enseignement-emploi, la mobilité du travail, l’emploi des femmes dans l’agriculture, la définition des concepts emploi/chômage, de la flexibilité.

Cependant, s’il existe un gap entre la Tunisie et l’Allemagne en matière d’employabilité des diplômés et autres, l’avantage d’une telle rencontre comme celle d’aujourd’hui, c’est qu’elle nous ouvre les yeux sur ce qui nous reste à faire en la matière.

TB