Des œuvres d’art en argile, des peintures ainsi que des productions écrites ont été exposées, vendredi 21 février, lors d’un Café scientifique organisé par la Cité des sciences sur le thème “Addiction et Art-thérapie”, portant sur l’usage de la pratique artistique (musique, peinture, sculpture, calligraphie, danse, théâtre…) à des fins thérapeutiques liées à la dépendance à la drogue.
Wided, une jeune femme qui a assisté au débat, raconte son histoire avec une dépendance aux stupéfiants qui l’avait accablée pendant de longues années et dont elle a réussi finalement à s’en défaire grâce au soutien de l’association “Médecine, culture et art” qu’elle avait intégrée il y a quelques temps.
Engluée des années durant dans les affres de la toxicomanie, Wided a réussi à voir le bout du tunnel. Une dépendance qui avait fini par l’éloigner de sa famille et de son fils unique. “Je ne l’ai pas vu grandir”. Rongée par le poids des remords, elle décide d’agir et de repartir sur de nouvelles bases, en s’adonnant corps et âme à son activité au sein de l’association, et finit par obtenir un diplôme en artisanat et un autre en art culinaire. Aujourd’hui elle souhaite se frayer un chemin dans la spécialité “sculpture à l’argile” à la faveur d’œuvres exceptionnelles relayant son expérience avec le fléau de la drogue.
Abdelbasset Touati, médecin pratiquant la thérapie à travers l’art au sein de l’association, avait accompagné Wided et son conjoint à surmonter la pente. Il estime que “les drogues représentent une horreur familiale et sociétale”, appelant les parents à privilégier l’art, la culture et à les intégrer dans la vie quotidienne de leurs enfants dans une logique de diversion à même de parer à toute pratique nocive.
“Le traitement de la dépendance par l’art en est un procédé innovant introduit en Tunisie par l’association, médecine-culture et art. Il s’agit d’un traitement qui englobe l’ensemble des expressions artistiques (Art plastique, danse, cinéma, sculpture, tissage, etc.)”, a-t-il fait savoir.
Il explique que le traitement qui se déroule à travers des ateliers et des cercles de discussions permet aux personnes dépendantes de faire l’apprentissage des différentes compétences de vie, des méthodes thérapeutiquement vérifiées servant à regagner confiance en soi et en les autres.
“La dépendance est une maladie chronique qui nécessite un accompagnement étroit, nous avons, jusque là, réussi à traiter entre 20 et 30 cas de dépendance, a-t-il dit.
Il a révélé à cet égard que l’usage des drogues en Tunisie est en passe de devenir un fléau généralisé, se basant sur les statistiques du service de toxicologie de l’hôpital universitaire de Monastir qui indique que le nombre d’usagers de drogues qu’il accueille chaque mois, après la révolution, s’élève à 2800 cas, contre seulement 80 cas en 2010.
Selon Dr.Touati, le recours aux stupéfiants est un moyen de fuir les problèmes de la vie d’autant que l’accès à ces substances psychoactives est à portée de main.