Dans une lettre ouverte adressée au nouveau chef du gouvernement Elyès Fakhfakh, Amnesty International a estimé que ” le nouveau gouvernement doit saisir l’occasion qui lui est donnée de mettre un terme à l’impunité persistante de membres des forces de sécurité accusés de violations des droits humains “.
Publiée sur son site à l’occasion de l’investiture du chef du gouvernement jeudi dernier, Amnesty International demande au gouvernement dans sa lettre ouverte ” de s’engager publiquement à adopter une politique de tolérance zéro face aux violations des droits humains, et de veiller à ce que l’obligation de rendre des comptes pour les crimes du passé -ainsi que ceux commis par les forces de sécurité depuis 2011- soit une priorité “.
Heba Morayef, directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, a déclaré que ” si des changements positifs et profonds ont eu lieu ces neuf dernières années sur le terrain des libertés politiques, le secteur de la sécurité en Tunisie est en grande partie inchangé et ses acteurs ne sont toujours pas tenus de rendre des comptes “.
Elle a appelé les autorités tunisiennes à prendre des mesures ” pour en finir avec l’impunité, en garantissant que les plaintes relatives à des violations des droits humains, notamment la torture, donnent lieu en urgence à des enquêtes indépendantes et impartiales, et que les responsables présumés soient amenés à rendre des comptes au terme de procès équitables “.
” Il est inacceptable que la plupart des allégations crédibles contre des membres des forces de sécurité n’aient toujours pas donné lieu à des poursuites “, a-t-elle dit.
L’organisation de défense des droits humains rappelle qu’elle avait, en avril 2019, attiré l’attention sur quatre cas dans lesquels les victimes et familles de victimes attendaient encore que justice soit rendue. Dans deux de ces affaires, ” le recours à une force injustifiée ou excessive par des policiers a fait des morts “, a précisé Amnesty International.
Dans sa lettre ouverte, Amnesty International met également l’accent sur l’importance de la concrétisation du concept de justice de transition, par le biais de la protection du processus d’obligation de rendre des comptes entamé en 2018. Elle demande aussi que le nouveau gouvernement respecte les conditions fixées par la législation relative à la justice de transition, en particulier la publication du rapport de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) ainsi que du plan de mise en œuvre des recommandations qu’il contient.