Le projet de la politique urbaine nationale pour la Tunisie a été officiellement lancé mercredi 4 mars 2020, lors d’un atelier organisé Gammarth, par le ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire et le Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).
Ce projet s’inscrit dans le cadre du nouveau programme pour les villes, connu sous le nom du nouvel agenda urbain adopté par la conférence des Nations unies sur le logement et le développement urbain durable HABITAT III à Quito (Equateur) en octobre 2016, qui a préconisé l’élaboration de politiques urbaines nationales en synergie avec l’Agenda 2030, du développement durable.
Il vise à définir une vision commune et intégrée du développement urbain, fournir aux décideurs les outils et les bonnes pratiques nécessaires à un développement urbain durable, renforcer le lien entre urbanisation, développement socio-économique et durabilité environnementale, assurer l’harmonisation des politiques et des programmes dans ce domaine et améliorer les conditions et le cadre de vie des habitants.
La Cheffe du bureau sous-régional pour le Maghreb ONU-Habitat, Nada Al Hassan a souligné dans une déclaration à l’agence TAP, que “ce projet devrait durer 18 mois, donner les lignes directrices pour toute planification urbaine et définir les mécanismes légaux, juridiques et institutionnels de leur mise en œuvre”.
“Une étude de faisabilité de ce projet a déjà été élaborée. L’étape actuelle consiste à mettre à contribution les acteurs de l’urbanisme en Tunisie au profit de ce projet, afin d’élaborer le diagnostic le plus complet de la situation urbaine actuelle. La prochaine étape sera la formulation de la Politique urbaine nationale. Une fois la formulation adoptée, il faudra passer à la mise en œuvre de projets pilotes dans des villes”, a-t-elle précisé.
Ce projet est cofinancé par ONU Habitat et Cities Alliance (Partenariat mondial qui aide les villes à assurer un développement durable), ajoute-t-elle.
L’enveloppe de démarrage de ce projet est d’environ 200 000 dollars (près de 566 000 dinars) mais vu sa portée, il va certainement évoluer vers d’autres financements.
Dans son intervention, l’urbaniste-architecte Rachid Taleb a estimé qu’une politique urbaine nationale doit remédier aux faiblesses actuelles du réseau urbain et des villes tunisiennes.
Il s’agit de la non reconnaissance par les politiques publiques, de la ville comme facteur de développement, des niveaux inégaux de développement économique et social entre les villes, d’un processus de métropolisation imposé par l’ouverture de l’économie mais non maîtrisé et aggravant les disparités régionales.
Taleb a aussi, épinglé une croissance urbaine sans rapport avec la croissance économique, l’absence d’un système de régulation de la répartition géographique des populations et des richesses, l’absence de gouvernance territoriale des grandes régions, des liaisons défaillantes entre les villes de l’intérieur et les grands ensembles urbains, la sous-urbanisation de l’intérieur du pays…
En outre, il critique l’étalement urbain consommateur de sols agricoles, la faible maîtrise du foncier en zones périurbaines, l’absence de véritables politiques de l’habitat au profit des plus démunis, la dégradation de la qualité de l’environnement dans les zones urbaines, l’encombrement des quartiers centraux et les infrastructures défectueuses…