Rien de notable dans le discours d’Elyes Fakhfakh du lundi 16 mars si ce n’est l’annonce du nombre de personnes atteintes par le coronavirus et la récapitulation des instructions données lors de son précédent discours.
Quant aux annonces faites et qui étaient connues par l’ensemble de la population, elles n’apportaient rien de nouveau !
Nous nous attendions à plus ! Peut-être pas à ce que monsieur le Chef du Gouvernement nous déballe une armada de mesures visant à soutenir le tissu privé et en prime les PME/TPE et à rassurer les populations en situation précaire mais un ton plus ferme et une approche pédagogique plus appuyée !
Le «Nous sommes en guerre» tonné par le Président français Emmanuel Macron apparaissant publiquement lui-même pour la deuxième fois se traduit en « ahna fi harb » en dialecte tunisien, monsieur le Chef du Gouvernement !
Et nous le sommes monsieur sans avoir l’armada des autres pays ! Faute de moyens, la fermeté s’imposait ! Il ne s’agissait pas de caresser dans le sens du poil. Dire que vous vous préparez à accueillir des centaines de nouvelles personnes, il fallait dire qu’une personne peut contaminer 3 autres et qu’au bout de 2 ou 3 jours, le nombre pouvait doubler. Dans ce genre de contexte, monsieur, il faut rassurer les administrés du soutien de l’Etat et en même temps les prévenir solennellement du risque du non-respect des lois et des instructions.
Dans le discours, point d’émotion beaucoup de froideur, point de citations des scientifiques et des experts. Alors que pour gagner l’adhésion de la population, il aurait fallu émouvoir, argumenter et convaincre. Sans émotion, il n’y a pas de motivation et sans motivation, il n’y a pas d’adhésion. La contagion émotionnelle et les opinions des scientifiques pour mobiliser les troupes. Pourquoi pas ?
Et la pédagogie ? Le Président français est allé jusqu’à demandé à ses compatriotes de mettre une distance de 1 mètre entre eux lorsqu’ils vont faire leurs courses ou acheter des médicaments et leur dicter les postures à observer dans l’exercice au quotidien de leurs activités. Où est l’engagement moral et émotionnel de notre Chef de Gouvernement ? Nous ne le voyons pas, nous ne le sentons pas.
Quant aux mesures socio économiques. C’est comme si les partenaires sociaux étaient dans un monde et le gouvernement dans un autre monde.
Du coup, il n’est pas étonnant de voir Samir Majoul, président de l’UTICA en parler dans cette réflexion publiée sur son compte Facebook :
«La situation sanitaire et les risques sur les vies humaines nous inquiètent tous au plus haut point, et nous nous tenons aux côtés de la Nation, comme toujours, dans cette épreuve collective que nous dépasserons, nous l’espérons, avec le moins de souffrances possibles…Par contre, notre pays n’a pas les moyens de faire l’autruche, il y va de l’emploi, du pouvoir d’achat, de la pérennité de notre tissu économique, et de la paix sociale.
Des décisions radicales sont à prendre très vite, à l’instar de tous les pays du monde, quelques soient leur taille et leurs moyens, et c’est le moment ou jamais de briser des tabous qui ont trop duré, et qui ont trop longtemps freiné l’emploi et la création de richesses dans notre pays.
Nous avons aujourd’hui lundi, dès 7h du matin, porté cette voix du bons sens et de l’audace au ministre des finances, puis au chef du gouvernement, et enfin au Président de la République en fin d’après-midi. Il y a un parfait alignement de point de vue avec notre partenaire social l’UGTT. Nous poursuivrons nos concertations avec la Banque Centrale, l’ARP, ainsi que les bailleurs de fonds internationaux.
Une cellule de crise conjointe a été activée entre L’UTICA et le ministère des finances.
Ses premières propositions sont déjà communiquées aux autorités. Elles ont vocation, à répondre à la situation de trésorerie et de liquidité et à éloigner tout risque systémique, protéger nos TPE-PME et secteurs stratégiques, afin de garder notre tissu économique et ses emplois intact pour la reprise.
Ces mesures doivent être reçues avec l’esprit de l’union et une efficacité et rapidité exemplaires dans leur réalisation. Personne ne pourra dire “on ne savait pas”, et notre pays ne peut plus se permettre du “trop peu…trop tard”.
Les bonnes décisions économiques et financières que nous prendrons aujourd’hui, détermineront la situation sociale dans quelques mois, et inversement. Nous aurions aimé voir le chef du gouvernement adopter le discours de Samir Majoul mais malheureusement, il n’en est rien. Son discours manquait de fermeté, de clarté, de rigueur et il n’est même pas parvenu à rassurer la population !
A voir l’approche communicationnelle d’Elyès Fakhfakh, nous avons l’impression qu’il conduit à l’aveugle sa communication socio-politique et socio-économique, qu’il n’a pas derrière lui une équipe qui peut le guider et l’orienter !
Un facebooker a commenté ainsi le discours du chef de gouvernement : il ressemble à quelqu’un qui publie sa story sur Instagram.
Non Si Elyes, ce n’est pas en naviguant à vue à tous les niveaux que vous pourriez sauver la Tunisie et l’aider à dépasser ce cap difficile !
Amel Belhadj Ali