Le courage des médecins et de tout le corps soignant est applaudi en ces temps difficiles de lutte contre la pandémie du coronavirus. Mais, d’autres professions, essentielles au fonctionnement de la société et du pays en général, méritent aussi d’être complimentées, car, ne pouvant suspendre leurs activités, elles se trouvent fortement exposées au risque de contagion par ce virus.
C’est le cas des éboueurs, dont la protection contre les risques d’infection était toujours insuffisante et l’est davantage actuellement. Ceux-ci continuent de collecter nos ordures ménagères en dépit d’un risque, désormais, plus élevé de contamination par le “Covid 19″.
Un traitement spécial au temps du Coronavirus
Le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDS) a exprimé son inquiétude face à ” l’insouciance des autorités, en dépit des avertissements répétés des experts concernant le traitement des déchets dangereux “. Selon lui, il faut des mesures exceptionnelles pour éviter de transformer les déchets en source de contamination, en particulier, pour les éboueurs, les chiffonniers et les employés des municipalités et les collecteurs de plastique.
“Ces catégories sont vulnérables et ne possèdent pas les moyens pour se prémunir du risque de contamination”, rappelle le FTDS. Il a appelé à mettre en place un plan unifié au niveau national, qui régit le traitement des déchets ménagers des sujets mis en quarantaine. Le ministère de la santé publique est appelé à doter les autorités locales de la liste des personnes en quarantaine dans chaque municipalité, pour mettre en place un plan anticipé de prévention contre les risques de contamination, préconise le Forum.
Désinfecter ou incinérer !
Le ministère de l’Environnement a reconnu, le 21 mars 2020, dans un communiqué, l’absence d’un plan stratégique de lutte contre le coronavirus, en particulier, au niveau des déchets ménagers provenant des personnes contaminées par le “Covid19” ou celles qui sont mises en quarantaine. Mais, Il a décidé de travailler de concert avec le ministère de la Santé Publique pour maîtriser la gestion des déchets des établissements hospitaliers abritant des personnes contaminées par le COVID 19 ou des sujets mis en quarantaine, et ce à travers les sociétés autorisées de collecte et de gestion des déchets de soin.
Le département de l’Environnement a aussi, recommandé aux agences sous sa tutelle de coordonner, dont l’ANGED , avec les autorités locales pour éliminer convenablement, ces déchets en les désinfectant ou en les incinérant. L’Office national de l’assainissement (ONAS), quant à lui, est appelé à prendre les mesures nécessaires pour éviter une éventuelle contamination via les canaux de transfert des eaux usées.
Une action de désinfection est recommandée, dans les canalisations et les points d’évacuation, près des zones où des cas de coronavirus sont confirmés. Un numéro vert, le 1820 a été déjà mis en service au niveau de l’ONAS, pour permettre aux citoyens de signaler les blocages des canalisations. Ces derniers sont appelés à réduire leur déplacement aux administrations relevant de l’office, et à télécharger les documents sur le site www.onas.nat.tn “, dans la rubrique ” espace citoyen “.
Agir autrement pour protéger les métiers exposés
Selon l’expert en gestion des déchets, Hamdi Chebaane, les ménages sont appelés, plus que jamais, à adopter le tri sélectif des déchets. ” Il faut mettre les déchets dans des sacs en plastique bien fermés, de préférences de couleurs différentes, les désinfecter avec de l’eau de javel ou autres désinfectants et ne les sortir qu’à l’arrivée des bennes de collecte des déchets “, a-t-il dit.
Les municipalités sont appelées à doter les agents de la propreté de tenues protectrices, de gants et de tous le matériel de prévention nécessaires, préconise l’expert. Chebâane souligne également, la nécessité pour l’ANGED et l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE), de durcir le contrôle des sociétés autorisées à collecter et à gérer les déchets de soin, pour éviter toute infraction qui mettra en péril la vie des personnes.”
“Ça pourrait exposer les éboueurs et plusieurs personnes au risque de contamination par le coronavirus”, a-t-il averti.
Par Meriem Khadhraoui -TAP