1 – Le gouvernement a mis en application un plan de riposte à la crise. Ce plan répond-il, selon vous, aux attentes du moment ?

Je pense que ce plan correspond, par son ampleur, aux besoins de l’étape actuelle. Il faudra faire un constat d’étape pour probablement ajuster les mesures nouvelles à prendre.

2 – En situation de stress budgétaire, avec une baisse probable des recettes fiscales, comment l’Etat pourrait-il réunir les 2,5 milliards de dinars pour financer le plan ?

La question de l’origine des fonds est secondaire. En période de guerre sanitaire, et c’est une guerre plus importante et vitale que beaucoup de guerres entreprises par l’Homme dans son histoire, il n’y a pas d’interrogations à se poser. La création monétaire, le recours futur à un emprunt intérieur, l’utilisation des fonds que le FMI va débloquzr à des taux très faibles, des aides de l’UE et/ou des USA, la question n’est pas celle que vous posez, c’est «les mesures sont-elles suffisantes pour préserver nos entreprises, nos emplois et permettre à la majorité de s’en sortir?».

3 – Le marché boursier est impacté à son tour par la crise. Quelles mesures d’assistance peut-on lui apporter en soutien ?

Le marché boursier est lié à l’évolution de son environnement direct et international. Il anticipe par définition, c’est sa raison même d’exister. S’il se rend compte que les mesures sont bonnes et répondent aux exigences du moment, il repartira à la hausse et plus vite que ce que vous pensez !

4 – La BCT a baissé son taux directeur de 100 points de base. Cela suffit-il à procurer au système la liquidité dont il a besoin ?

Non. Clairement les contraintes issues des besoins de liquidité et du poids de la dette dans un environnement entrepreneurial et social en crise doivent être desserrées par une baisse des taux beaucoup plus importante. Je n’imagine pas que le taux du marché monétaire doit être supérieur à 4% d’ici quelques semaines (sachant qu’il était de 4,29% en mars 2017) ou alors on aura fait preuve de sous-estimation des risques qu’encourt la Tunisie.

5 – L’Etat aura-t-il des difficultés à se financer sur la place, en dinars ?

Non.

6 – La crise pèsera sur nos recettes en devises. Quels effets cela aura-t-il sur le cours du dinar et sur les réserves de change ?

Ce n’est pas une question principale. Nous avons aujourd’hui plus de 20 milliards de dinars de réserves; c’est un chiffre important mais qui peut cacher une réalité préoccupante. Les exportations ont baissé en ce début 2020 de 1,5% mais les importations encore plus (-2,5%), c’est clairement une indication du freinage brutal de nos entreprises industrielles.

7 – Dans ce contexte tendu, dans quelles conditions la Tunisie pourrait-elle se financer sur le marché international ? Sa capacité à assurer le service de la dette extérieure sera-t-elle impactée ?

Pas besoin de sortir sur le marché en ce moment, cela n’a aucun sens. La Tunisie trouvera de quoi se financer auprès de bailleurs bilatéraux et/ou multilatéraux.

Ferid Ben Brahim – Directeur Général de AFC (Intermédiaire en Bourse, Groupe ATB)