L’Observatoire des services financiers (association indépendante) appelle la Banque centrale à accélérer la publication d’une nouvelle circulaire généralisant la procédure de report du remboursement des prêts bancaires à toutes les personnes, et ce quel que soit leur revenu ou leur type de crédit.
Contacté lundi 30 mars 2020 par l’agence TAP, le secrétaire général de l’Observatoire, Tarek Ben Jazia, a estimé que cette demande n’affectera pas de manière significative les performances du secteur bancaire, étant donné que l’opération n’est qu’un report du processus de paiement et que ces tranches seront destinées à la consommation, qui est l’un des principaux moteurs de la croissance dans le contexte de la stagnation de l’investissement et des exportations actuellement.
Selon lui, aucune catégorie de crédit ne devrait être exclue du report de remboursement car la crise actuelle est générale et n’épargne aucune catégorie ou secteur.
De même, l’Observatoire demande que le report du remboursement des versements de prêts bancaires concerne, également, les sociétés de crédit-bail (leasing), appelant lau passage es banques à poursuivre leurs efforts pour réduire le coût des services bancaires, lequel a connu une hausse de 82% (année de base 2010) selon la dernière mise à jour de l’Observatoire et en l’absence de données actualisées de l’Observatoire de l’inclusion financière relevant de la BCT.
L’Observatoire des services financiers appuie les mesures prises par le gouvernement et la BCT au profit des institutions et des particuliers, mais estime qu’elles demeurent insuffisantes pour surmonter la crise économique et sociale due à la propagation du coronavirus (Covid-19), ajoute Ben Jazia.
Pour lui, la circulaire de la BCT n°7 du 25 mars 2020, qui comporte des mesures exceptionnelles au profit des individus, notamment le report du délai de remboursement des fractions des crédits accordés aux individus dont le revenu mensuel net est de moins de mille dinars durant la période du 1er mars 2020 jusqu’à fin septembre 2020, est une mesure tardive, d’autant plus que plusieurs banques ont déjà fait le prélèvement de la tranche du mois, ce qui nécessite d’appeler ces banques à la réintégrer.
Répondant à une question sur la possibilité pour les banques d’exiger des pénalités de retard, le responsable a précisé qu’un accord annulant ces pénalités a été conclu.
Tarek Ben Jazia a souligné en outre l’impératif de réduire l’indicateur des crédits sur les dépôts pour permettre aux banques de répondre aux demandes de crédits, en injectant les liquidités nécessaires. L’objectif est de soutenir les banques d’autant que le volume de refinancement a régressé au cours des derniers mois, passant de 16 milliards de dinars à 9,8 milliards de dinars.
Selon les données de l’Observatoire des services financiers, l’encours des crédits bancaires accordés aux familles tunisiennes s’est élevé, jusqu’au décembre 2019, à 24,053 milliards de dinars. Le taux d’endettement le moins élevé a été enregistré en 2019. L’encours des crédits a évolué uniquement de 93 MDT contre une hausse de 1,248 milliard de dinars en 2018 et de 2,154 milliards de dinars en 2017, à cause de l’augmentation du taux d’intérêt directeur par la BCT, ce qui a engendré une hausse du coût de crédit, outre les nouvelles conditions qu’elle a adoptées pour réduire les crédits de consommation et lutter contre l’inflation.
En Tunisie, environ 870 000 ménages sont endettés auprès des banques pour des crédits à moyen et long terme.