En dépit de plus de 35 mille morts dans le monde et des effets dévastateurs sur l’économie, la pandémie du coronavirus a vraisemblablement fait du bien à la planète.
Elle a permis à la pollution atmosphérique de diminuer dans la plupart des villes confinées au monde, y compris les villes tunisiennes.
Pour l’expert en climat, Hamdi Hached, “il y a certainement une amélioration de la qualité de l’air durant le confinement, surtout dans les grandes villes et les zones industrielles, en raison de l’arrêt d’une grande partie de l’activité économique”.
Selon lui, le réseau national de surveillance de la qualité de l’air au sein de l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE) va procéder à des évaluations, mais il ne va pas pouvoir livrer de données, dans l’immédiat.
Dans le monde, d’après les données du satellite ” Sentinel 5 “, une baisse significative de la pollution atmosphérique a été enregistrée dans plusieurs métropoles européennes. Les niveaux des émissions de dioxyde de carbone ” CO2 ” et du nitrogène “NO2″ ont baissé significativement durant la période allant du 5 au 25 mars 2020 par rapport à la même période de l’année écoulée.
Ils ont chuté, selon l’Agence européenne de l’environnement (EEA), de 24% à Milan, 35% à Rome, 55% à Barcelone, 41% à Madrid et 51% à Lisbonne.
La pollution a aussi baissé en Chine, où le confinement général s’est poursuivi pour des semaines, en raison de la pandémie du coronavirus.
Les émissions de gaz à effet de serre y ont reculé, durant les trois premiers mois de 2020, de 25% par rapport à la même période de l’année 2019, selon le site ” Carbon Brief “.
Juste ” une pause ” et l’action de destruction de la planète reprendra ! Selon Hached, ” cette amélioration de la qualité de l’environnement et du climat n’est qu’un ” arrêt provisoire “, puisque “l’action de destruction de la planète reprendra, dès la fin de ce cauchemar du coronavirus “.
” Je ne crois pas que l’expérience du coronavirus va changer beaucoup dans le comportement des humains. L’humanité a tendance à oublier très vite les catastrophes et à reprendre son rythme de vie normal.
Des gouvernements vont reprendre leurs pratiques agressives (recours aux énergies fossiles, surexploitation des ressources) et les individus reviendront à leurs habitudes de nonchalance et de frénésie”, développe l’expert.
Il suffit de suivre un peu la tendance sur les réseaux sociaux et ce que les gens projettent de faire après le confinement, pour savoir que le rythme de consommation va augmenter spectaculairement, après la crise.
C’est l’avis formulé déjà, sur Twitter et autres médias européens, par François Gemenne, auteur principal pour le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), lequel reconnait, que ” la pollution atmosphérique a atteint des niveaux planchers, dans la plupart des villes confinées, et les émissions mondiales de gaz à effet de serre sont à la baisse depuis janvier “.
Mais, sur le long terme, ” ces effets seront vraisemblablement insignifiants “. “Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre ont toujours tendance à rebondir, après une crise.
On le voit déjà en Chine, où l’activité industrielle a repris, comme on l’avait vu après la crise économique de 2008-2009″, explique-t-il.”Le climat a besoin d’une baisse soutenue et régulière des émissions de gaz à effet de serre, pas d’une année ” blanche “.
Le changement climatique est un problème d’accumulation des gaz à effet de serre au cours du temps, quelques semaines de confinement n’y changeront rien “, a-t-il tranché.
Récupérer le temps perdu!
Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), avait évalué, lundi, 30 mars 2020, les pertes économiques causées par la pandémie du Coronavirus dans les pays en voie de développement à 220 billions de dollars US. L’Afrique pourrait perdre environ la moitié des emplois actuels.
Cette récession va pousser les gouvernements à multiplier les efforts pour récupérer le temps perdu. Ceci se fera aux dépens de la planète encore une fois.
Gemenne recommande par ailleurs, de tirer certaines leçons essentielles de cette crise. Il s’agit surtout de réinvestir dans les services publics, de relocaliser certaines chaînes de production et de revenir à l’essentiel.La directrice du projet ” DIAPOL-CE “, dialogue politique et gestion des connaissances, sur les stratégies de faibles émissions dans la Région MENA “, Anita Richter estime, elle aussi que l’économique va le reprendre sur le climat.
” Le risque existe que la priorité accordée à la sauvegarde du climat et au développement des énergies renouvelables soit moindre, par rapport à la reconstruction rapide de l’économie “, a-t-elle prévenu dans un bulletin publié par l’agence allemande de coopération internationale ” GIZ “.