La perturbation des marchés des denrées agricoles et la protection déficiente des salariés de l’agroalimentaire face au coronavirus pourraient mener à une crise alimentaire mondiale, ont mis en garde, les dirigeants des trois organisations multilatérales chargées de l’alimentation, de la santé, et du commerce, FAO, OMS et OMC.
Ils ont prévenu, dans une déclaration commune, mardi, 31 mars 2020, que les pays les plus fragiles, au bout de la chaîne alimentaire mondialisée, risquent de traverser des pénuries graves, si les pays exportateurs de céréales tentent de retenir leurs récoltes par crainte de manquer ou pour faire baisser les prix.
“Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation”, provoquant elle-même “une pénurie sur le marché mondial”, soulignent le Chinois Qu Dongyu, qui dirige l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur-général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et Roberto Azevedo, dirigeant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Selon eux, il est “important” d’assurer les échanges commerciaux, “afin d’éviter des pénuries alimentaires” notamment dans les pays les plus pauvres.
Les trois organisations internationales s’inquiètent d’autres facteurs menaçant la chaîne alimentaire mondiale.
Le “ralentissement de la circulation des travailleurs de l’industrie agricole et alimentaire” bloque de nombreuses agricultures occidentales.
Avec la fermeture des frontières due au coronavirus, elles se découvrent toutes en même temps dépendantes de main d’œuvre venue d’ailleurs.
Autre maillon suscitant l’inquiétude, les “retards aux frontières pour les containers” de marchandises, qui entraînent un “gâchis de produits périssables et une hausse du gaspillage alimentaire”.
“Lorsqu’il est question de protéger la santé et le bien-être de leurs concitoyens, les pays doivent s’assurer que l’ensemble des mesures commerciales ne perturbe pas la chaîne de l’approvisionnement alimentaire”, résument les chefs de la FAO, de l’OMS et de l’OMC.
“C’est dans des périodes comme celles-ci que la coopération internationale est essentielle”, soulignent-ils.