” L’économie africaine est confrontée à un ralentissement profond et synchronisé et ne pourra s’en remettre qu’au bout de trois ans “. C’est ce qu’estiment les ministres africains en charge de l’Economie et des Finances, réunis à Addis Abeba par visioconférence, mardi 31 mars 2020.
Dans ce cadre, ils n’ont pas manqué de saluer les mesures politiques louables prises par les gouvernements.
Pressions sur l’inflation et le taux de change
” Des baisses substantielles des recettes provenant de la baisse des prix des produits de base, associées à une augmentation des coûts des importations, exercent des pressions sur l’inflation et le taux de change “, lit-on dans un communiqué de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), publié mercredi 1er avril.
A noter que cette 2ème réunion par visioconférence a été organisée par Vera Songwe, secrétaire exécutive de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), et coprésidée par les ministres Tito Mboweni d’Afrique du Sud et Ken Ofori-Atta du Ghana.
De nombreux ministres ont participé aux réunions munis des masques.
Les ministres ont mis l’accent sur la nécessité de prendre ” toutes les mesures possibles pour ralentir et maîtriser la propagation du COVID-19 à court terme, mais reconnaissent qu’il s’agit d’un combat difficile.
” L’attention immédiate doit être sur le front sanitaire et humanitaire, en poursuivant la sensibilisation, les tests, la distanciation sociale “.
Appel à l’allégement de la dette
Les ministres en charge des Finances et de l’Econoie appellent, dans ce contexte, à alléger la dette des partenaires bilatéraux, multilatéraux et commerciaux avec le soutien des institutions financières multilatérales et bilatérales telles que le FMI, le GBM, l’UE, afin de garantir que les pays africains disposent de l’espace budgétaire nécessaire pour faire face à la crise du COVID-19.
Ils ont également souligné la nécessité d’une période plus longue pour l’allégement de la dette. Etant donné que l’économie mondiale est entrée dans une période de ralentissement synchronisé, la reprise n’étant attendue qu’après environ 24 à 36 mois, les partenaires au développement devront envisager un allégement de la dette et une abstention des paiements d’intérêts sur une période de 2 à 3 ans pour tous les pays africains, les Pays à faible revenu (PFR) et les Pays à revenu intermédiaire (PRI).
L’appel à l’allégement de la dette, soulignent-ils, s’adressent à toute l’Afrique et doit être entrepris de manière coordonnée et collaborative.
Ils plaident ainsi en faveur de la création d’un moyen à vocation spéciale pour faire face à toutes les obligations de dette souveraine.
Importance du secteur privé pour la création d’emplois
Les ministres reconnaissent l’importance du secteur privé pour la création d’emplois et pour la relance, appelant les institutions financières de développement (IFD) à soutenir le secteur privé en cette période difficile.
Ils ont souligné la nécessité de développer une production pharmaceutique continentale locale pour servir à protéger certains emplois et garantir l’approvisionnement en médicaments essentiels pendant la crise, étant donné que l’Afrique est un importateur net de produits pharmaceutiques.
Plus de 54 pays ont interdit les exportations de produits pharmaceutiques, selon le communiqué de la CEA.
Les ministres appellent à cet effet à des protocoles conjoints sur la fermeture des frontières afin d’autoriser des couloirs commerciaux et humanitaires. Il existe un besoin de facilités de liquidité, de refinancement et de garanties pour soutenir le secteur privé, ont-ils soutenu.