“Face à la pandémie du coronavirus, l’Etat doit être suffisamment conscient des risques qu’encourent les entreprises et doit tout mobiliser pour les soutenir. Cet appui épargnera au pays un scénario de pertes massives d’emplois dont les conséquences seront plus lourdes à supporter”.

C’est ce qu’a déclaré, mercredi 8 avril, le président de la CONECT, Tarek Cherif, dont les propos ont été rapportés par l’agence TAP.

“En Tunisie, on n’est pas suffisamment conscient de la gravité de la situation pour les PME, mais aussi pour les grandes entreprises qui commencent à avoir de réelles difficultés. Nous ne pouvons pas rester confinés indéfiniment, d’autant plus que les mesures de confinement ne sont pas bien respectées par une large frange de la société”, indique-t-il.

Il faut trouver des solutions sécurisées qui permettent aux entreprises de reprendre leurs activités

“Il faut trouver des solutions sécurisées qui permettent aux entreprises de reprendre leurs activités, en intensifiant au maximum le dépistage, assurant la disponibilité des masques et des produits de sécurité nécessaires, en sécurisant par région…, car une persistance de l’état actuel des choses menacera sérieusement la survie même des entreprises et engendrera, par conséquent, de grosses pertes d’emplois et de revenus pour un grand nombre de salariés”.

Et d’expliquer : “ce n’est pas des dons que nous demandons mais des crédits avec des facilités de paiement sur plusieurs mois. Nous sommes en situation de force majeure, et même si l’Etat ne dispose pas actuellement de marges pour soutenir les entreprises, il faut qu’il trouve un moyen de mobiliser les fonds nécessaires, ne serait-ce qu’en empruntant. Et je peux vous assurer que le coût de ce soutien serait de loin inférieur au coût d’un scénario de pertes massives d’emplois qui pourrait se produire si les difficultés actuelles persistent”.

Il rappelle la réunion virtuelle qu’il a eue, mardi 7 courant, avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouene Abassi, et les membres de son cabinet, en présence des membres du Bureau exécutif national de la CONECT.

Plaidoyer pour un prêt garanti par l’Etat en faveur des entreprises touchées

La CONECT a, à cette occasion, présenté une série de recommandations à mettre en place par l’Institut d’émission, en faveur des entreprises touchées par la crise du COVID-19.

Elle a ainsi proposé la mise en place d’un prêt garanti par l’Etat pour venir en aide aux entreprises confrontées à des enjeux de trésorerie liés à la crise du coronavirus.

La Confédération a aussi suggéré l’octroi de crédits de trésorerie aux entreprises qui décident de ne pas licencier le personnel

La Confédération a aussi suggéré l’octroi de crédits de trésorerie aux entreprises qui décident de ne pas licencier le personnel durant les 6 prochains mois. Ce crédit prendra la forme d’un crédit remboursable sur 5 ans, dont une année de grâce (pour amortir l’effet de la crise).

l’exonération du report des échéances bancaires et financières, prévue par les circulaires de la BCT, des frais additionnels

Parmi les propositions de la CONECT, figurent également l’exonération du report des échéances bancaires et financières, prévue par les circulaires de la BCT, des frais additionnels et la réduction additionnelle du taux d’intérêt directeur d’au moins 150 points de base.

La BCT doit, par ailleurs, inciter les banques à refinancer les entreprises en leur accordant des crédits additionnels à l’instar des facilités de caisse, l’escompte commercial, le financement en devises.

La confédération a, en outre, recommandé la suspension du système de classification des entreprises en vigueur durant l’exercice 2020, qui est basé principalement sur l’ancienneté des impayés financiers et commerciaux, et ce pour les entreprises classées 0 ou 1 au 31/12/2019 (dont le recouvrement des actifs courants dans les délais est encore assuré)… Le but est de ne pas dégrader la classe de risque suite à la crise COVID-19 et d’inciter les banques à continuer à financer les entreprises nonobstant la classe de risque.

Elle a encore, plaidé pour la réduction des commissions bancaires sur les transactions effectuées à l’aide des nouvelles technologies (virement, retrait…) et la réduction des commissions et frais bancaires sur les transactions effectuées et les crédits octroyés aux sociétés touchées par la crise du coronavirus.

Elle a encore appelé à la mise en place d’un ratio d’activité prioritaire, pour assurer qu’une part des crédits soit dédiée aux PME notamment industrielles, et ce en contrepartie des liquidités accordées aux banques.

La CONECT estime nécessaire de suspendre les poursuites judiciaires pour les chèques sans provisions

La CONECT estime également nécessaire de suspendre les poursuites judiciaires pour les chèques sans provisions pour cette période pour les entreprises touchées par cette crise et n’ayant pas d’antécédents, de soumettre les agents économiques à un système de “notation” accessible et créer un fonds de retournement (lequel permet à des sociétés en difficulté de se redresser en apportant capitaux et moyens humains), et de lancer une ligne de crédit spécifique et bonifiée pour le financement du matériel de dépistage et de prévention du COVID-19.

Elle a, par ailleurs, estimé que les exigences de réorganisation des entreprises pour permettre le travail à distance, impliquent des investissements immatériels qu’il est difficile de financer via les banques pour des questions de garantie réelle, d’où la nécessité de prévoir des lignes de financement spécifiques avec la garantie de l’Etat.