Des organisations de la société civile, des députés et des personnalités publiques ont appelé, dans un communiqué conjoint publié vendredi 10 avril 2020, au renforcement de la protection des migrants et des réfugiés en Tunisie contre le COVID-19 afin de garantir le droit à la santé pour tous.
Les signataires appellent le gouvernement à porter une initiative nationale afin d’instaurer un climat de confiance, rassurer ces populations et formaliser leur prise en charge, afin que leur droit à la santé, au même titre que les Tunisiennes et Tunisiens, soit garanti.
Ils demandent au gouvernement d’étudier les alternatives à la détention des réfugiés et des migrants vulnérables à la maladie bloqués dans les centres d’El Ouardia et de Ben Gardanne, et ce eu égard à un risque élevé d’être gravement malade ou de mourir en cas de contamination.
Ils estiment que l’exclusion des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile présents sur le territoire tunisien du système de santé national et des aides économiques exceptionnelles mises en place serait une atteinte à leurs droits fondamentaux et en contradiction avec les efforts déployés pour réduire les contagions et éradiquer la pandémie dans le pays.
Dans ce contexte, ils appellent le gouvernement à assumer cette responsabilité historique et de réunir les conditions pour une opération exceptionnelle de régularisation de migrants présents sur le territoire tunisien.
Les signataires estiment que les mesures prises par le gouvernement pour lutter contre la pandémie du COVID-19 sont courageuses comme le confinement dans tout le pays et l’attribution d’aides sociales d’urgence aux plus démunis qui subissent de manière violente les conséquences de la crise sanitaire, sociale et économique.
Le communiqué rappelle que les ministres de l’Intérieur, des Affaires sociales et des Relations avec les instances constitutionnelles et la société civile, lors d’une réunion le 7 avril, ont pris des mesures positives en faveur des étrangers résidents en Tunisie.
Les dates de fin de visas et les implications financières sont suspendues, il a été décidé que des aides financières et en nature seront spécifiquement octroyées et les bailleurs ont formellement été demandés de reporter les loyers des mois de mars et avril 2020.
” Ce sont des mesures positives que nous encourageons et qui doivent être suivies par d’autres mesures pour répondre d’une manière durable aux enjeux qui se posent “, ajoute le communiqué.
Les signataires insistent sur la double vulnérabilité de ces populations, souvent en situation d’exclusion sociale, vivant dans des conditions de promiscuité et privées aujourd’hui de toute source de revenu, pour faire face à l’épidémie et aux conséquences du confinement, selon le communiqué.
” A ce jour, malgré des initiatives de différents acteurs de la société civile, il n’existe en Tunisie aucun plan national pour informer spécifiquement ces communautés et les orienter vers les permanences d’accès aux soins de santé et autres services de prévention, indispensables pour endiguer la pandémie sur l’ensemble du territoire tunisien “, ajoute la même source.
Le communiqué est signé par plus d’une trentaine d’organisations nationales et de la société civile, dont l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), la Ligue tunisienne des droits de l’Homme LTDH, l’Association citoyenneté, développement, cultures et migrations des deux rives (CDCMIR), le Réseau Euro-Maghrébin Citoyenneté et Culture (REMCC), le Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) et autres, une vingtaine de députés et une vingtaine de personnalités publiques.