La priorité absolue pour la Tunisie pour la prochaine période sera d’élaborer un plan de gestion de crise complet, cohérent, engageant mais surtout avec des responsabilités partagées (entre gouvernement, secteur privé et organisations nationales), selon une analyse intitulée ” Gérer la crise et préparer la relance “, publiée par l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE).
L’objectif est de faire face à la récession économique mondiale qui va être ressentie à partir de fin avril avec la levée graduelle du confinement dans plusieurs pays, et de se préparer aux mesures protectionnistes qui seraient mises par les principales puissances (en Europe, ou aux USA ou ailleurs) qui risquent d’impacter fortement l’activité économique en Tunisie.
Ce document préconise un plan de gestion de crise, qui comprend la conception et la mise en place d’un Plan national de continuité de l’activité pour mieux se préparer à une éventuelle deuxième vague de confinement, ainsi qu’une consolidation de la résilience du pays pendant la période après confinement et qui pourrait durer plus de 18 mois.
Ce plan de gestion de crise de moyen terme qui doit tenir compte des contraintes financières du Gouvernement et de l’intérêt national, doit être suivi d’un plan de relance national à partir de 2022 en alignement avec la reprise attendue à l’échelle mondiale.
Un Plan National de Continuité de l’Activité
Dans le cadre de la crise Covid-19, le Gouvernement devrait adopter un PCA spécifique conforté par la mise en place de stratégies adéquates permettant d’éviter la rupture de tous types de services publics fournis à la population. L’objectif de ce du plan National est d’assurer le maintien et la stabilité de prestations de services de base tout en favorisant la reprise du fonctionnement normal du pays.
Ce plan est composé de stratégies de préservation des besoins vitaux pour la nation, tels que l’alimentation, les soins de base, la desserte en eau potable, l’énergies (dont électricité), le carburant, le transport en commun, le transport public, les télécommunications, les banques, la collecte et gestion des déchets, le maintien de la sécurité civile ainsi que les services d’état civil, ainsi que les mécanismes à adopter pour éviter la rupture de certaines activités.
Pour ce qui est alimentation, la Tunisie doit se focaliser sur 4 filières qui sont l’agriculture maraîchère, en constituant des stocks stratégiques permettant ainsi de réguler le marché et préserver les filières pendant cette période de récession, au vue d’une baisse prévue de la demande, la filière Lait qui connaîtrait en 2020 deux menaces, la sécheresse et le COVID-19.
D’après ce document, il est impératif de sauvegarder cette filière vitale qui doit répondre à la demande des consommateurs tunisiens, en plus en partie celle des consommateurs libyens (via la contrebande).
Les deux autres filières concernent celles des Volailles et des Œufs, il est recommandé de réinstaurer les quotas, pour stabiliser l’offre vu que la demande intérieure va baisser sensiblement à cause de la limitation de l’activité de service et l’arrêt au niveau du secteur touristique..
Le GIPAC avec les professionnels du secteur doivent décider des quantités d’œufs à réduire par anticipation.
Il est recommandé aussi le contrôle des prix du ministère du commerce pour réduire la spéculation des gérants des magasins de vente en détail, et de réaliser une opération de stockage de viande blanche (poulet et dinde) pour éviter de perturber fortement l’appareil de production de l’intégration avicole (les reproducteurs, les œufs à couver, l’engraissement).
Il faut aussi parer au secteur parallèle pour les importations sauvages depuis l’Algérie, pour stabiliser l’offre. Sur un autre point, ce PCA doit mettre l’accent sur l’inclusion digitale et financière, d’autant plus que la crise a montré la nécessité d’accélérer la digitalisation des services publics et d’améliorer l’inclusion de la population.
Le gouvernement devrait se focaliser sur l’accélération de l’exécution des priorités d’ores et déjà identifiées et dont les travaux préparatoires et de conception ont été lancés à l’instar de la digitalisation de l’éducation et l’identifiant unique.Garantir les fondements de la résilience.
Le gouvernement doit préparer de nouvelles mesures pour accompagner le début de la levée graduelle du confinement. Ces mesures devraient répondre aux questions de la préservation des emplois, la distribution des revenus, et la mobilisation optimale des ressources, mais aussi entamer les réformes.
Cette résilience doit être aux niveaux budgétaire à travers une réforme fiscale et une réforme de la rémunération publique, économique (adéquation du droit économique) d’où l’importance d’assurer une adaptation de la législation au monde numérique, social, par le biais des aides sociales conditionnelles et la préservation des entreprises sinistrées notamment dans les secteurs du textile et hôtellerie et restauration ainsi qu’une résilience institutionnelle.