Que faire? La pandémie covid-19 aura des impacts structurels énormes sur toute l’humanité et marquera son histoire compte tenu de ses effets multiples et multidimensionnels.

D’après certains stratèges, le monde ne sera pas comme avant l’épidémie catastrophique… L équilibre géostratégique, les normes, les références, les croyances sont déstabilisés.

L’examen est rude surtout pour les pays en situation d’instabilité institutionnelle et politique avec les retombées sur les transferts sociaux, les finances publiques, l’employabilité, la paix sociale et universelle…

Quid de la Tunisie ?

Nous affrontons en ces circonstances particulières des défis de sous développement sur tous les plans. Indépendamment des mesures prises et l’évaluation de leur impact immédiat pour atténuer les dangers et les risques sur notre santé, notre économie, déjà aliénée et dépendante, et l’avenir des générations futures, nous sommes appelés à saisir cette calamité pour réviser notre trajectoire et réajuster nos projets mal gérés…

Pour éviter les généralités, et conséquemment avec ma formation universitaire et ma carrière administrative, je crois fermement que le scénario du pseudo-programme ou procédures d’urgence entreprises par l’Etat ou le gouvernement ne peuvent à ce rythme atteindre les objectifs tracés par l’administration et gérés maladroitement par des amateurs politiques.

Les 2,7 milliards de dinars sont repartis d’une façon aléatoire et sans aucune technicité ou savoir-faire maîtrisés par les gens des métiers qui sont écartés des cercles de décision. Il est manifestement prouvé que les interférences et les chevauchements entre les membres de l’équipe gouvernementale -déjà incohérente donc sans programme commun- commencement à perturber la traçabilité des différentes interventions dénuées de l’esprit de coordination basé sur les interfaces en temps de guerre.

La loi organique n° 10 du 30 janvier 2019, portant création du projet national financé généreusement par les bailleurs des fonds, Al Men Ijtimaii, pour donner la quiétude aux démunis, cette loi organique comporte 23 articles sous forme d’un programme social qui devrait fixer les conditions et les procédures en vertu d’un décret gouvernemental qui n’a encore vu le jour…

Sur le plan texte et littérature, ladite loi est avangardiste et ambitieuse quant aux créneaux envisagés pour cibler les couches sociales démunies, les sans-emplois et les pauvres pour une éventuelle prise en charge et intégration dans le processus de production et d’autonomisation économique et sociale et du genre.

Il est prévu par la loi, la création d’un haut conseil national de développement social qui devrait être chargé de l’évaluation, de la coordination et du suivi de la politique sociale de l’État.

Cette loi stipule encore l’installation d’une agence nationale d’intégration et de développement social. Ce texte, qui demeure sans version française, n’a connu aucune suite. Une propagande politique et mauvaise gestion manifeste des fonds et dotations alloués à ce titre.

Aucune transparence, absence des normes de contrôle et de gouvernance ont privé la Tunisie d’un registre national de la pauvreté, d’une plate-forme numérique, d’un fichier unique pour cibler nos interventions sur la base d’enquêtes spécialisées via des supports numériques exploitables par les différents intervenants.

Les interventions des ministres et leurs discours manquent d’harmonisation et ne partent pas de données réelles, ils sont sur les estimations, l’émotion et le manque de professionnalisme.

Messieurs les ministres, pilotez vos projets d’un quartier général de gestion de crises et laissez aux compétences et aux concepteurs la mise en application et la vulgarisation des interventions.

Monsieur le ministre des Affaires sociales, vous êtes responsable des débordements et du non respect des règles de confinement, et vous avancez des chimères car vous n’avez aucun fichier validé d’identifiant social. Nous ne possédons aucun socle de couverture sociale conformes aux conventions ratifiées par l’autorité nationale.

Le résultat est catastrophique: on a pompé de l’argent qui sera mal utilisé, ce qui pourrait mettre notre pays en danger de conflit social pour ne pas dire une forme de guerre civile…

La majorité des ministres ont aussi leur niveau ou seuil d’incompétence…

Le tableau est long, pour rectifier, dites la réalité, faites appel aux connaisseurs de terrain sous forme d’une armée de réserve (ex-gouverneurs, délégués et omdas ou mharreks à la retraite, assistantes et assistants sociaux, acteurs sociaux, institutions spécialisées, ingénieurs, syndicalistes, dirigeants des clubs sportifs).

Cette pandémie doit souder notre union nationale dans un élan universel et nous sommes tous disponibles et disposés à servir la communauté et l’Etat surtout que le gouvernement gère désormais par ordonnances.

Hédi Dahmane