C’est pour la deuxième fois, en l’espace de moins d’un mois, que des dizaines de cadavres d’albatros sont signalés par des promeneurs et pêcheurs au large de Sousse et sur les plages de Hammam-Sousse, Chott el Meriem et Hergla (au nord de Sousse).
La première fois remonte au 23 mars 2020. C’est Imène Hassine, présidente de la commission de protection et d’aménagement du littoral à la municipalité de Hammam Sousse qui a donné l’alerte.
La conseillère municipale, citée par «Essabah Al ousbii», a indiqué que «l’événement reste pour l’heure incompréhensible et mystérieux, même si certains ont essayé de l’expliquer». Ainsi, selon le chef de l’entrepôt municipal de l’arrondissement de Kantaoui, cité par Imène, les albatros, avant d’échouer sur les plages, auraient été frappés par une foudre au large.
L’événement reste pour l’heure incompréhensible
Imène Hassine a écarté cette thèse dans la mesure où la région n’a jamais connu auparavant un tel phénomène. Elle avait promis de l’étudier avec les structures spécialisées de la capitale.
Les résultats devaient être annoncés trois jours après la découverte des cadavres d’albatros par un communiqué insipide rendu public, le 26 mars 2020, par le ministère de l’agriculture qui a décidé, semble-t-il, de prendre les choses en main.
On y lit notamment : «Une équipe composée des services vétérinaires du Commissariat régional au développement agricole de Sousse et des représentants du département des forêts s’est déplacée, à Hammam Sousse, pour prélever les échantillons nécessaires, et ce dans le cadre de la vigilance sanitaire vétérinaire».
Le communiqué ajoute : «les résultats des analyses des laboratoires réalisés à l’Institut de la recherche vétérinaire de Tunisie (IRVT) le 26 mars 2020, sur des oiseaux Albatros retrouvés morts, dans la zone de Hammam-Sousse, ont montré que ces oiseaux ne sont pas infectés par la grippe aviaire».
Moralité de l’histoire : le laboratoire des virus de l’Institut de la recherche vétérinaire de Tunisie (IRVT) ne s’est intéressé qu’à l’infection ou non des albatros. Il n’a pas jugé utile d’approfondir ses analyses et de donner d’amples éclairages sur ce phénomène qui reste tout de même un mystère.
L’affaire est relancée, les 8 et 9 avril 2020, par le signalement, cette fois-ci, par le Commissariat au développement agricole de Sousse, de nouveaux cadavres d’albatros sur les plages d’Hammam Sousse et de Chott Meriem (Nord de Sousse).
Pour d’amples information sur les albatros en Tunisie
Dans le communiqué publié à cette fin, le commissariat, qui a indiqué avoir envoyé des échantillons pour analyses aux laboratoires de l’IRVT, a essayé d’expliquer ce phénomène par l’équilibre biologique. Selon lui, les albatros se seraient entre-tués pour survivre.
En l’absence de données exactes sur la population de ce type d’oiseaux migrateurs en Tunisie et sur l’historique de leur sédentarisation dans les îles tunisiennes, cette hypothèse semble, le moins qu’on puisse dire, hâtive et arbitraire.
En général, les ornithologues expliquent ce type de mort collective d’oiseaux par deux facteurs : des intempéries extrêmes (oiseaux foudroyés en plein ciel…) et la possibilité d’une infection virale. Mais il existe bien d’autres raisons dont l’empoisonnement.
Pour preuve. L’été dernier, au sud de l’Australie, des oiseaux agonisants saignant du bec et des yeux sont tombés du ciel. Suite à une enquête menée par une association de sauvegarde des oiseaux, il s’est avéré que «ces oiseaux avaient, sciemment, été empoisonnés par quelqu’un qui leur a donné un produit toxique qui a déclenché des hémorragies internes, entraînant une mort lente et douloureuse ».
Autre explication attribuée, cette fois-ci, à la légende populaire. Certains disent que le phénomène de mortalité animale de masse et, surtout, des oiseaux qui tombent du ciel annoncent que «l’apocalypse est proche et que le monde finira dans un brasier».
Abstraction faite de toutes ces explications, nous pensons que la conseillère municipale de Hammam Sousse, Imène Hassine, a tout à fait raison de mettre en doute les explications simplistes avancées à chaud, et par les pêcheurs et par les fonctionnaires du commissariat au développement agricole de Sousse.