Il est de mon devoir de lancer un appel urgent pour un sursaut citoyen, à l’action et à la coordination de tous les moyens avant qu’il ne soit trop tard. Ce qui m’a poussé à sortir de mon silence et à faire en sorte que ma voix soit exprimée, relayée, est manifestement les appréhensions qui commencent à m’habiter de voir tout un édifice, patiemment mais méthodiquement, construit depuis au moins cinq décennies ne tombe subitement en ruine.
La crise sans précédent que traverse la Tunisie a conduit fatalement à la polarisation de l’attention sur certaines urgences et le passage en sourdine d’autres, non moins importantes.
Tant d’efforts, d’investissements, d’apports, d’opportunités et, surtout, d’emplois risquent, à défaut d’une bonne harmonie, d’accords parfaits et de la disponibilité d’interlocuteurs avertis et prompts à prendre la décision qu’il faut au moment qu’il faut peuvent, du jour au lendemain, provoquer ce que personne ne souhaite.
Depuis l’émergence de l’épidémie du coronavirus, le monde est confronté à une crise mondiale. Peut-être la plus grave que le monde ait connue.
Face à cette menace, il nous faut agir vite, et de manière décisive pour ne pas verser, par la suite, dans les regrets. Bien que la crise du coronavirus n’ait pas commencé comme une crise financière, elle pourrait bien acquérir une gravité systémique.
Beaucoup de mesures d’urgence à court terme sont devenues essentielles, incontournables. C’est dans la nature des situations d’urgence. Des décisions qui, en temps normal, pourraient requérir de longues délibérations et de fastidieux arbitrages, car il est encore plus risqué de ne rien faire.
Depuis l’entrée en vigueur, le 22 mars dernier, du confinement général et de sa prorogation jusqu’au 20 avril, les entreprises, prises dans la tourmente d’une crise que personne n’ait pu prévoir, ont été quelque peu délaissées, comme si elles n’avaient jamais participé à
l’effort national en matière de développement, d’investissement, d’exportation et d’emploi.
Ces entreprises vivent depuis plus d’un mois des moments difficiles, un questionnement existentiel. Dans le cafouillis qui règne actuellement et la paralysie de l’action de certains services administratifs, c’est l’absence d’interlocuteurs capables de répondre à leurs doléances, de se mettre à leur écoute ou de prendre des décisions rapides pour solutionner des situations spécifiques qui risquent de provoquer des effets néfastes aussi bien sur le plan économique que social, qui inquiète.
Au regard de cette situation, nous proposons la création d’une plateforme numérique ou téléphonique d’urgence pour répondre aux appels et interrogations des entreprises, en état d’urgence. Il s’agit ni plus ni moins de dupliquer le Numéro 190 lancé pour les urgences médicales par un autre numéro 191 qui serait piloté par des équipes relevant des structures nationales de promotion (APII, FIPA, APIA, ONTT…). Ces derniers, analyseront les demandes (reprise d’activité, douanes, CNSS, banques, PTT…) et les orienteront aux organismes et ministères concernés.
Dès lors, il serait judicieux que le chef de gouvernement ou les ministères concernés procèdent à la nomination de personnes nanties d’un pouvoir décisionnel afin de conférer efficience et cohérence aux décisions administratives. C’est par ce biais qu’il sera possible de préparer la reprise, la relance de l’activité, la pérennité des entreprises et la sauvegarde de milliers d’emplois, aujourd’hui menacés.
Aujourd’hui, le temps nous est compté. Plus l’action sera empreinte d’une plus grande célérité et efficacité, plus on aura de meilleures chances de sortir avec le moins de dégâts possible. La clef de réussite réside manifestement dans la prise de conscience de l’impératif d’agir vite, efficacement et en bonne cohérence entre les différents services administratifs et aussi dans la mise en place le plus tôt possible de cette task force pour mettre un terme à des discordances, source de blocages handicapant.
Il ne faut oublier qu’en cas de poursuite au-delà du mois d’avril du confinement total et de la perturbation de l’activité des entreprises, et pour ne prendre que l’exemple des entreprises à participation françaises installées en Tunisie, une hypothèse basse de perte d’emploi de 10%, se traduirait par le licenciement d’au moins de 15 mille personnes.
D’où l’impératif de réfléchir à un déconfinement progressif et partiel dans les meilleurs délais possible pour ne pas rater la reprise. Un déconfinement, qui tient compte des mesures sanitaires et prend en considération la santé des employés que ce soit en matière de leur transport ou dans les lieux du travail…
*Président de la Chambre tuniso-française de commerce et d’industrie (CTFCI)