Quel serait la nouvelle carte géopolitique mondiale après le passage destructeur du Covid-19 ?
Les informations glanées ici et là nous donnent un avant-goût de ce que serait le monde en 2021 au moins. La pandémie a mis à nu les imperfections du système qui régissait un monde multipolaire avec une suprématie de fait des Etats-Unis d’Amérique.
Le Corona a fait apparaître que les puissants peuvent être confrontés aux mêmes difficultés que les moins nantis. Les Etats-Unis de Trump, la France de Macron, l’Italie, l’Espagne, la Suède, etc. ont d’ores et déjà laissé des plumes et leur électorat ne sera pas tendre avec eux vu le nombre impressionnant de morts et de personnes contaminées.
Toutefois, c’est déjà l’émergence d’un nouveau pôle composé de la Russie et de la Chine qui laisse apparaître une nouvelle distribution des cartes sur l’échiquier mondial. Washington, empêtré dans l’affaire du coronavirus et la mauvaise appréciation des dommages que le virus peut causer; l’Europe n’a pas su négocier les mécanismes de la solidarité entre ses Etats membres dont quelques uns ont agi avec un égoïsme surprenant pour sauver les meubles.
Cette Europe aurait-elle démontré les limites de sa force ? L’après-coronavirus sera très dur pour tout le monde, mais pas pour Moscou et Pékin qui sortent avec de simples égratignures d’un combat féroce contre un ennemi invisible.
Poutine n’a pas attendu pour que les nouveaux contours d’un système new look prennent formes. La Russie a mis tout son poids pour attirer les Saoudiens et les Iraniens à la table des négociations pour mettre fin à leur guerre stupide au Yémen.
Poutine aurait mis également l’encombrant et vorace Erdogan dans son champ de tir et finira par le renverser. Ainsi il pourra régler définitivement la question libyenne et le résidu de l’agression internationale contre la Syrie martyre.
La Chine, quant à elle, aura les mains libres en Afrique. Pékin n’a pas cessé de venir en aide aux Africains démunis dans la lutte contre cette pandémie et prendre pieds sur un continent souffrant de la mainmise des anciennes puissances coloniales dont la présence est de plus en plus discutée.
Bref, l’après-coronavirus se dessine avec des vainqueurs potentiels (Russie, Chine) et leurs associés Inde, Brésil, pays africains, Iran et quelques pays arabes qui seront détachés du giron de la première “impuissance” mondiale, les Etats-Unis d’Amérique dirigés par le têtu Trump.
Et la Tunisie dans tout ça ? Elle doit d’abord revoir ses problèmes internes et rectifier le tir dans sa politique extérieure. La politique des axes et de l’alignement à la vie courte.
Par Ezzeddine Zayani
ancien ambassadeur et président du Centre tunisien des études pour la sécurité globale