Actuellement les services de maintenance ou d’entretien en Tunisie sont sous-considérés par l’écrasante majorité de nos ministères et entreprises, qu’elles soient publiques ou privées.
Les instituts supérieurs des études technologiques (ISET), établissements universitaires créés dans les années 1990 pour former des techniciens supérieurs qualifiés adaptés aux
besoins des entreprises, ont démontré, au cours de la crise générée par le coronavirus, leur utilité en mettant leur savoir-faire en maintenance au service des hôpitaux tunisiens qui sont souvent sous-équipés.
A titre indicatif, des étudiants de l’ISET de Kairouan se sont portés volontaires pour réparer et remettre en état de disponibilité des équipements médicaux endommagés à l’hôpital Ibn ElJazzar de Kairouan. Il s’agit, entre autres, de lits de réanimation, de lits médicalisés et de lits de transport de malades.
Le premier lot des équipements réparés, peints et remis à neuf, sera remis le 13 avril 2020 à l’hôpital.
Parallèlement aux ISET, deux maintenanciers indépendants, originaires de Ksar Helal (gouvernorat de Monastir) se sont portés, à leur tour, volontaires pour réparer les appareils médicaux en panne des hôpitaux de Tunisie.
Intervenant sur les ondes de radio Shems FM, ils ont déclaré avoir réparé des appareils à l’hôpital local de Moknine, à l’hôpital universitaire Farhat Hached de Sousse et à l’hôpital universitaire Fatouma Bourguiba de Monastir, soulignant leur intention de répondre à tout appel à réparer les équipements dans les hôpitaux à travers le pays.
Selon nos informations, ils auraient fait gagner à ces établissements hospitaliers des montants assez importants.
Le coût de la maintenance est très élevé en temps normal
En temps normal, et en l’absence de logistique de maintenance dans les hôpitaux tunisiens, la réparation de tels équipements et bien d’autres plus sophistiqués nécessitent le déplacement en Tunisie des maintenanciers étrangers dont les honoraires sont payés au prix fort, à l’heure et en devises.
Parfois, confronté au coût élevé de la maintenance, les hôpitaux publics préfèrent acheter du neuf avec tout ce que cela suppose comme hémorragie en devises.
Si nous avons évoqué ces exemples, c’est juste pour attirer l’attention sur l’absence d’une logistique de maintenance dans les hôpitaux publics et sur l’enjeu de valoriser ce marché juteux à travers l’établissement d’un partenariat « Win Win » entre ces établissements et les ISET.
Le principe étant : une maintenance régulière, efficace et préventive permet une utilisation plus longue des appareils et des équipements hospitaliers, favorise l’économie d’importantes ressources financières pour les hôpitaux et génère d’autres pour les ISET sous forme de frais de réparation bien étudiés.
L’enjeu de la maintenance, c’est trois points de croissance
Cela pour dire qu’au-delà de ces exemples, la maintenance a intérêt à être valorisée et érigée en véritable stratégie dans les hôpitaux publics. Elle est le créneau le mieux indiqué pour garantir à leurs équipements la durabilité et la disponibilité requises.
Est-il besoin de rappeler ici qu’actuellement les services de maintenance ou d’entretien en Tunisie sont sous-considérés par l’écrasante majorité de nos ministères et entreprises, qu’elles soient publiques ou privées.
Les premiers responsables de ces institutions, par inculture, trouvent un vilain plaisir à y affecter les agents les plus incompétents, les plus “je-m’en-foutistes”, les plus indisciplinés, voire des «cas sociaux» pour qui ces services sont tout simplement une planque.
La maintenance est également fortement recommandée pour améliorer la productivité, c’est-à-dire l’effort à fournir aux fins de comprimer les coûts, de produire mieux et plus avec le même investissement, le même nombre de travailleurs et les mêmes équipements.
Cet effort, pour peu qu’il soit bien mené, peut se traduire, selon les experts du FMI, par trois points de croissance par an. Comme on le voit, l’enjeu est de taille.
Espérons que l’enseignement sera retenu après la crise du Covid-19.