” La réponse tunisienne à la crise du COVID-19, avec le Fonds Relance Culture (FRC), vise à sauver le tissu social et économique de la culture, puis à le développer, en mettant fin à l’économie informelle et à la précarité des acteurs, tout en renforçant notre position comme l’une des plateformes créatives régionales. Nous appelons à développer les collaborations régionales et internationales pour répondre de manière efficace et concertée à cette crise “.
Ce sont là des propos prononcés par Chiraz Laatiri, ministre des Affaires culturelles, lors de la réunion en ligne des ministres en charge de la Culture du monde entier organisée mercredi 22 avril 2020 par l’UNESCO.
Avec plus de 700 évènements reportés ou annulés, et des centaines d’espaces publics et privés fermés, la Tunisie s’est retrouvée face à une interruption qui impacte l’ensemble des acteurs sur qui repose la vitalité et la richesse de la vie culturelle tunisienne. Une crise qui touche plus particulièrement les créateurs de toutes disciplines confondues, ainsi que les artistes indépendants, freelancers et techniciens sans oublier les PME, les industries culturelles et créatives et les associations culturelles
Ayant pris conscience très tôt de la gravité de cette crise, le ministère des affaires culturelles a-t-elle mentionné, avait très vite décidé d’être proactif en lançant une initiative pionnière dans la région, le Fonds Relance Culture (FRC), géré par le Ministère et auquel contribuent des partenaires institutionnels nationaux et internationaux, de la société civile et des privés.
Le FRC,a-t-elle expliqué, est une réponse sectorielle, concrète et concertée, qui se déploie sur deux temporalités. La première est directe et immédiate, sur trois mois, pour sauver le secteur, à travers des aides économiques et sociales pour les individus et opérateurs culturels tout en les invitant à rejoindre le secteur formel, à travers l’adhésion à la sécurité sociale, la mutuelle des artistes, et à l’organisme tunisien des droits d’auteurs et des droits voisins (OTDAV).
A moyen terme, il s’agit de travailler sur la relance et la restructuration du secteur avec des bases plus solides pour maintenir et développer son tissu économique et social. Tout en étant conscients des inégalités d’accès à internet, le ministère a tenu à encourager et à soutenir le passage au digital, pour accompagner les acteurs économiques et le public pendant le confinement.
En effet, à l’occasion de la célébration du mois du patrimoine, qui vient de commencer, le ministère a veillé à valoriser notre riche patrimoine à travers une offre digitale inédite. Plus encore, le ministère a organisé, avec l’Organisme tunisien des droits d’auteur et des droits voisins (OTDAV), une conférence en ligne sur les droits d’auteurs et les industries créatives dans le contexte de la crise du COVID-19, en collaboration avec l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle). Sans oublier le soutien apporté au festival ” Gabes Cinema Fen “, le premier festival arabe en ligne via la plateforme VOD Artify.
Les réponses ne peuvent pas et ne doivent pas se limiter au cadre national, mais plutôt se faire à plusieurs échelles interconnectées
L’idée, a souligné Chiraz Laatiri, est que cette crise doit être perçue comme une opportunité de tout remettre à plat. Ceci doit passer par la mise en place d’une bonne gouvernance et le maintien des budgets du Ministère que ” l’on va réaffecter en partie à la relance ” a-t-elle annoncé. D’ailleurs, les grands chantiers sur lesquels pense travailler le ministère concernent notamment un projet de réforme législative, notamment du statut des artistes, des droits d’auteurs et du patrimoine, principales priorités du secteur. Il s’agit également d’amorcer le projet de décentralisation pour assurer un accès partout et pour tous, qui va de pair avec le soutien à la création pour assurer la diversité culturelle et le recours à un travail de coopération interministériel, sur les sujets de l’enseignement supérieur, de la recherche et du tourisme, des nouvelles technologies, de la décentralisation, entre autres, pour que le secteur joue un rôle clé dans le développement durable national.
A cet égard, a précisé Chiraz Laatiri, les réponses ne peuvent pas et ne doivent pas se limiter au cadre national, mais plutôt se faire à plusieurs échelles interconnectées.
Et d’ajouter ” Nos réponses reflètent la position particulière de la Tunisie comme carrefour africain, arabe et méditerranéen, avec une longue tradition de coopérations et solidarités Sud-Sud. Notre ambition est de restructurer à moyen et long terme le secteur pour renforcer la place de la Tunisie post-révolutionnaire comme l’une des plateformes de formation, de création, d’innovation, et de production de savoir sur la culture, au niveau régional.
Pour conclure, Chiraz Laatiri a lancé un appel à ses homologues partout dans le monde, et en particulier dans les pays du Sud pour penser le monde de demain, ensemble et concrètement. ” Pendant cette crise et au delà, considérez la Tunisie comme un partenaire de dialogue et de coopération bilatérales ou multilatérales ” a-t-elle lancé à la fin de son intervention.
Il est à rappeler que la réunion en ligne de l’Unesco réunissant les ministres de la culture du monde entier a été une occasion pour partager, autour d’un dialogue virtuel, leurs réflexions sur l’impact de la crise sanitaire sur le secteur culturel, ainsi que sur les réponses à apporter dans le cadre de leurs politiques respectives.
La crise sanitaire liée à la pandémie du COVID-19 risque, selon l’Unesco, d’affecter profondément et durablement le secteur culturel à l’échelle mondiale. Les mesures de restriction de mobilité ou de confinement prises par de nombreux pays notamment la Tunisie pour endiguer la pandémie contraignent drastiquement l’accès à la culture et fragilisent l’écosystème culturel dans son ensemble.