Le ministre du Commerce envisage de remettre à l’ordre du jour les autorisations d’importation (ou licences d’importation comme cela était appelé avant).

Mais monsieur le ministre, si j’étais contrebandier, c’est la première chose que je vous demanderais de faire. Et vous devez savoir pourquoi. Si vous ne le savez pas je vais vous le dire.

La contrebande se nourrit principalement de deux dispositions : les droits de douane élevés, et les procédures lourdes et complexes.

1/ Plus il y a de droits de douane et autres taxes sur un produit importé, et plus la contrebande s’intéresse à ce produit car la marge de gain est importante. Moins les droits de douane et taxes sur un produit sont importants et moins la contrebande s’y intéresse. Souvenez-vous de l’exemple des boissons alcoolisées en 2016.

2/ Plus les procédures d’importation d’un produit sont lourdes et plus la contrebande s’y intéresse, après tout les formalités associées aux procédures ont un coût. Mais si les produits venaient à être soumis à autorisation d’importation, ils deviendraient alors quasi-prohibés et ne pourraient plus être importés. Dans ce cas, la contrebande s’en occupera à cœur joie.

Rappelez-vous le cas des pommes rouges interdites à l’importation et qui se vendaient en supermarché. Rappelez-vous le cas du Maassel et de différents autres produits interdits à l’importation et qui sont consommés à grande échelle au niveau des cafés, salons de thé et autres endroits de consommation sur place.

N’oubliez pas non plus ce qui s’est passé avec les produits de la fripe qui est soumise à autorisation d’importation, les containers sont importés sans autorisation et, une fois au port, les importateurs font tout pour obtenir ladite licence.

Si l’importation légale répond à des règles strictes, à des contrôles techniques à l’importation, à des vérifications de conformité aux normes et standards, la contrebande fait fi de tout cela.

Si vous envisagez vraiment de soumettre des produits de grande consommation à autorisation d’importation, assurez-vous d’abord de la bonne étanchéité de nos frontières et assurez-vous aussi que vous disposez d’un contrôle efficace des marchés intérieurs qui s’assureront que toute marchandise étrangère présente sur le marché national, quel que soit son circuit de distribution, a été légalement importée.

A défaut, votre mesure sera contreproductive et vous ne ferez qu’encourager les importateurs légaux à aller vers le marché parallèle.