A bien des égards, le coronavirus, depuis son aparition, soulève de nombreuses questions qui restent aujourd’hui sans réponses. Comment est-il arrivé ? Est-il ou non d’origine animale ou de laboratoire ? Pourquoi s’est-il répandu sur l’ensemble de la Terre ? Pourquoi tue-t-il plus d’hommes que de femmes, plus de personnes âgées que de jeunes (en France, en Espagne ou en Italie par exemple) ? Pourquoi touche-t-il certaines régions plus que d’autres ? S’agit-il d’un virus saisonnier comme le pense désormais Didier Raoult ?
Premier constat: Jusqu’à present, le taux de mortalité des parents hommes dus au Covid-19 est plus élevé que celui des femmes. En effet, Huff Post indique qu’en France ce taux est de 60% pour les hommes âgés contre 40% pour les femmes.
Pour sa part, le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies a publié, début mars 2020, une étude selon laquelle indiquait que le taux de mortalité avoisinait 2,8% pour les hommes contre 1,7% pour les femmes. “Sur plus de 1 000 personnes décédées, 63,8% étaient des hommes pour 36,2% des femmes”.
Des statistiques qui donnent du tournis…
Pire encore en l’Espagne et en Italie où ces taux sont plus élevés, respectivement 65% de patients mâles décédés des suites du coronavirus (contre 35% des patientes) et 71% hommes (contre 21% des femmes).
Ceci étant, le journal appelle à “prendre ces chiffres avec précaution … d’autant plus que le virus touche, a priori, autant les hommes que les femmes”. C’est le cas par exemple de l’Espagne où l’Institut de santé Carlos III (ISCIII) indique que 50,4% des personnes infectées sont des hommes contre 49,6% qui seraient des femmes.
Ces proportions pratiquement équivalentes de cas d’infections chez les deux sexes poussent une autre question : “comment expliquer alors que le taux de mortalité monte en flèche chez les hommes?”, s’interroge Fuff Post.
Et de répondre: “Pour l’heure, il n’existe pas d’explication scientifique définitive à cette question, tout comme il n’est pas encore établi pourquoi l’épidémie semble épargner les plus jeunes”,toutefois, “des données sont déjà disponibles pour identifier les causes possibles”.
En effet, selon l’ISCIII, “en Espagne, les hommes ont une prévalence plus élevée de symptômes (fièvre et toux), de pneumonie, de maladies sous-jacentes (cardiovasculaire, respiratoire, diabète) et un pourcentage plus élevé d’hospitalisation, d’admission aux soins intensifs et de létalité que les femmes”.
Explications: au sein du groupe des professionnels de santé concernés (15,5% de toutes les infections), soit l’une des plus préoccupantes pour l’OMS et les autorités sanitaires espagnoles, la proportion d’infections chez les femmes (21,7%) est pourtant très supérieure à celui des hommes (9,5%). Et pourtant, ce sont ces derniers qui sont hospitalisés beaucoup plus fréquemment car ils développent des symptômes plus sévères, rapporte Huff Post.
Les groupes à risque…
Teresa Pérez Gracia, professeure de microbiologie à l’Université CEU Cardenal Herrera, apporte quelques précisions : “… cela peut être associé au fait qu’il y a plus d’hommes que de femmes dans les groupes à risque, qui sont ceux qui ont des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que du diabète. Dans ces cas, la réponse inflammatoire est beaucoup plus importante et donc la maladie plus sévère…”.
Mais encore. “Les hommes, les personnes de plus de 64 ans et les personnes atteintes d’une maladie sous-jacente (en particulier cardiovasculaire) sont davantage représentés parmi les patients atteints de pneumonie”, corrobore le rapport de l’Institut de santé Carlos III…
Rôle des œstrogènes…
C’est mieux mais c’est insuffisant. Mais l’autre piste avancée concerne l’œstrogène, l’hormone sécrétée par les ovaires donc plus présente chez les femmes, il pourrait donc “expliquer pourquoi le virus affecte moins les femmes”.
En tout cas, Sabra Klein, du Département de microbiologie moléculaire et d’immunologie de la John Hopkins University School of Public Health, assure sur la BBC (entretien diffusé fin février 2020) que “les œstrogènes peuvent stimuler des réflexes immunitaires importants pour éliminer une infection virale et bien répondre aux vaccins”.
Puis d’ajouter: “Diverses études sur des souris infectées par la précédente épidémie de SRAS ont démontré que l’oestrogène jouait un rôle dans la manière dont les souris femelles contrôlaient mieux l’infection que leurs homologues masculins”.
Espagnols et Italiens…
Un autre spécialiste en médecine interne à l’hôpital Virgen de las Nieves de Grenade, en l’occurrence Manuel Menduiña, n’hésite pas à souligner: ” Il y a une théorie qui dit que les Latinos – espagnols et italiens -, ont une prédisposition à générer une réponse hyperimmunitaire inflammatoire si exagérée qu’au final, cela cause des dommages”.
Mais cette théorie ne fait pas l’unanimité, “certains spécialistes refusent d’opérer une distinction entre les systèmes immunitaires des hommes et des femmes”. Cependant, il est plus ou moins admis que “si en termes de résistance pure, les hommes et les femmes sont strictement identiques, il peut y avoir des différences dans les modes de vie”, selon Éric Leroy, directeur de recherche et membre de l’Académie de médecine (France). Il juge que “la cigarette, l’alcoolémie, les coutumes, les habitudes… Beaucoup de facteurs secondaires spécifiques aux hommes ou aux femmes peuvent expliquer cette différence de sensibilité”.
Tout cela pour dire que le coronavirus garde encore plein de mystères.
Pour lire tout l’article