Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, appelle le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires, jurdiques et techniques, pour stopper le prélèvement de la contribution sociale solidaire (CSS) conjoncturelle sur les salaires des travailleurs.
Dans son discours prononcé en ligne en direct du siège de l’UGTT à l’occasion de la Fête du travail, vendredi 1er mai 2020, Taboubi a souligné que les travailleurs ont déjà trop sacrifié, et que cette contribution est devenue pour eux une charge lourde rappelant qu’ils viennent déjà de faire don d’une journée de travail pour contribuer aux efforts de lutte contre la pandémie du coronavirus.
Il indique, par ailleurs, qu’il est grand temps de lutter contre l’évasion fiscale, les corrompus et les spéculateurs qui continuent à s’enrichir au détriment des pauvres.
Le secrétaire général de l’UGTT appelle, en outre, l’Etat à prendre des mesures urgentes pour protéger les PME (petites et moyennes entreprises), qui constituent une grande partie du tissu économique tunisien, sans oublier les artisans et les petits métiers qui ont été contraints de suspendre leurs activités dans cette période de confinement.
Taboubi a salué les décisions politiques prises pour stopper l’importation anarchique, interdire les marchandises inutiles et encourager la production locale notamment dans le secteur agricole et alimentaire pour atteindre l’autosuffisance.
” Nous espérons que l’Etat continuera sur cette voie et revoie aussi certaines conventions commerciales bilatérales ainsi que les dettes, notamment avec les grands bailleurs de fonds, afin de trouver des solutions efficaces pour garantir les équilibres financiers et commerciaux “, a-t-il dit.
Il a, en outre, mis en garde l’Etat contre la prise de mesures impopulaires et injustes dans cette période critique.
Taboubi souligne qu’avant de décider le déconfinement, il faut que l’Etat prenne toutes les mesures nécessaires pour garantir la protection des travailleurs sur les lieux de travail, appelant le gouvernement à adopter la clarté et la transparence dans le discours et les actions.
Dans son discours, le secrétaire général de l’UGTT indique que la pandémie du coronavirus a dévoilé la faiblesse du système capitaliste et émergé les disparités et les injustices sociales.
” Il n’est plus permis que des dizaines de milliers de travailleurs continuent à percevoir des salaires inférieurs au salaire minimum et que des dizaines de milliers de retraités soient privés de leurs droits et continuent à avoir des pensions inférieures aux pensions de vieillesse malgré l’accord avec l’ancien gouvernement de régulariser cette situation “, estime-t-il.
Et d’ajouter: ” On n’acceptera plus la violation des droits des travailleurs dans un pays où la constitution garantit la dignité de l’être humain et l’application de la loi “.
Taboubi s’est dit indigné des déclarations provocantes de responsables d’institutions privées sanitaires et industrielles envers les travailleurs et qui ont montré l’égoïsme, l’inconscience et la recherche du profit.
Il a, dans ce contexte, souligné la nécessité de mettre en application les accords signés, entre autres celui du 14 avril 2020 qui, selon lui, a rendu justice au secteur privé et a été le couronnement du travail de la commission chargée du suivi de la situation dans le secteur privé pour mettre des critères et soutenir les entreprises en difficulté afin de garantir le salaire des employés outre l’accord dans le secteur du tourisme et des agences de voyages.
“Il convient de mettre en application les accords conclus en respect des principes du dialogue social et pour préserver la stabilité du pays”, a-t-il dit.
Taboubi a dénoncé les licenciements abusifs et la reprise des activités sans la garantie des moyens de protection aux travailleurs dans certaines entreprises.
“On n’acceptera plus de telles violations et toute partie doit assumer ses responsabilités juridiques, politiques et constitutionnelles pour lutter contre ces atteintes à la dignité humaine”, a-t-il dit.
Il a, par ailleurs, rappelé que l’UGTT a été parmi les premiers à appeler à la création du Fonds 1818 pour appuyer les hôpitaux publics dans la lutte contre le coronavirus et elle est aujourd’hui membre de la commission chargée de la gestion de ce fonds en attendant d’engager une réforme urgente du secteur.
Tabboubi a signalé que la pandémie a aussi émergé l’urgence de la réforme du secteur éducatif pour construire des générations futures plus solidaires et moins violentes et égoïstes faisant remarquer qu’en cette période de confinement la violence contre la femme a augmenté tout comme les hostilités et les comportements discriminatoires.
” Nous sommes toutefois fiers de nos compétences humaines qui se sont mobilisées pour lutter contre la pandémie et protéger la population de la contagion “, a-t-il dit, saluant les efforts des soignants, des agents de propreté, des agents de sécurité, des militaires, des agriculteurs, des journalistes, des jeunes, de la société civile et de tous ceux qui continuent à fournir d’inestimables efforts pour la Tunisie.
” Nous sommes aussi fiers des inventions et créations des jeunes qui prouvent que nous pouvons compter sur nos ressources pour garantir nos besoins techniques “, a-t-il ajouté.
Selon Taboubi, tous ces efforts ont permis de maîtriser un tant soit peu la pandémie qui va finir par disparaître laissant derrière elle de grands changements.
” Il convient, en effet, de revaloriser le rôle de l’Etat et du secteur public et d’accélérer le sauvetage des institutions publiques selon une approche participative qui garantit leur pérennité et leur caractère public “, a-t-il dit.
Tabboubi a aussi souligné la nécessité mettre fin aux formes de recrutement précaires citant, dans ce contexte, les contractuels, les ouvriers de chantiers et les enseignants suppléants.
” Il faut aussi trouver des solutions aux catégories les plus vulnérables qui vivent sans revenu fixe leur permettant d’avoir une vie décente et qui ont été les principales victimes de cette pandémie “, a-t-il signalé.
Par ailleurs, Taboubi a souligné que l’organisation syndicale continuera à faire pression pour appeler à la paix en Libye, Syrie, Yémen, Irak et en Palestine notamment dans cette période de pandémie qui a affaibli tous les pouvoirs.