L’annonce du gouvernement de décréter un déconfinement progressif ciblé, à partir de lundi 4 mai 2020, en permettant à certains employés et commerçants de rejoindre normalement leurs lieux de travail signifie la reprise de leur vie quotidienne pour beaucoup de citoyens.
Alors que les rues et boulevards de la capitale Tunis commencent à retrouver leur dynamique, des commerces ont rouvert leurs portes aux acheteurs, après un confinement total (23 mars-3 mai 2020) décidé suite à la pandémie du covid-19, les privant de faire leurs emplettes.
” C’est le moment ! “, indique Zouheir, 46 ans, gérant d’un magasin d’articles électroménagers, situé à la rue d’El Jazira en plein centre ville. Debout devant la porte de son magasin, le commerçant guette, en ce début de matinée, d’éventuels clients dans cette partie de la capitale qui d’habitude ne désemplissait pas.
Visage émacié, le quadragénaire, s’inquiète : “Qui va nourrir nos familles et celles de nos employés ?“. Comme un de ses employés affairé à classer des articles électroménagers à l’intérieur du magasin, il ne porte ni masque de protection ni gants. Il n’a rien prévu non plus pour les clients, rares encore.
Pour lui, “cette pandémie est un phénomène divin. Quand ça vient, on n’y peut rien”, se défend-il. “Même des médecins, bien protégés, ont trouvé la mort !“, a-t-il ajouté.
Dans cette rue qui s’apparente à une caverne d’Ali Baba où la majorité des commerces drainent habituellement des clients de tout genre, les locaux commerciaux sont multiples. Fermés depuis près de deux mois, ils ont rouvert dans leur majorité. Ramadan oblige ! “ Nous nous attendons à une affluence des clients comme d’habitude. Mais rien encore“, se désole Naceur un sexagénaire, assis à la porte d’entrée d’un petit commerce de vitres et de meubles.
Accompagné de l’un de ses collègues, beaucoup plus jeune, il savourait cette “reprise” après une quarantaine de jours de fermeture. Mais dès que nous évoquons avec lui la question des mesures de distanciation, il nous montre une bavette. “Je la prends partout avec moi dans ma poche. Mais quand il n’y a personne, je ne la mets pas“, avoue-t-il, avec un sourire en coin.
A côté de ce magasin, un local commercial plus spacieux, spécialisé en prêt-à-porter pour hommes et femmes est par contre armé contre l’épidémie.
Les traits fermés, Moez est maître des lieux. Lui et ses deux employés ont tout préparé. Il a mis à la disposition des clients des gels hydroalcooliques et masques de rigueur à l’entrée.
Pourtant, “comparé aux magasins d’alimentation, nous ne présentons aucun risque“, assure-t-il tout en affirmant qu’en dépit d’une perte de 90% de son chiffre d’affaires lors du confinement total, il a remis leur salaires à ses employés.
Ce n’est pas le cas, pour Youssef, Abderrahim et Brahim, propriétaires d’un local de friperie à la cité d’Ibnou Khaldoun, un des quartiers populaires de la Capitale, ils sont déçus ” A l’heure du confinement total, la police nous oblige à fermer “, regrette Brahim, un quinquagénaire, avec amertume.
” Maintenant, les policiers nous disent que seuls les magasins situés sur les principales artères peuvent ouvrir “, rapporte-t-il, en espérons que le déconfinement ciblé portera ses fruits peu à peu tant au niveau sanitaire que matériel.
Le déconfinement progressif ciblé commence ce lundi 4 mai et s’étend dans sa première phase jusqu’au 14 mai 2020. Sa phase finale est prévue pour le 14 juin 2020.