2020 en Russie a été proclamée “Année de la commémoration et de la gloire”. Le 9 mai, nous célébrons le 75e anniversaire de la Victoire dans la Grande Guerre patriotique (1941 – 1945).
Aujourd’hui, nous nous souvenons des exploits sans précédent et des sacrifices énormes, de l’abnégation et du patriotisme, de la lutte héroïque de notre peuple pour la liberté et l’indépendance de la Patrie. Notre devoir est de préserver de génération en génération la mémoire sacrée et de ne pas laisser entacher les dures épreuves de ces années et le triomphe sur le fascisme.
C’est l’Union soviétique qui a apporté la contribution décisive à l’écrasement du nazisme. L’héroïsme de l’Armée rouge dans les combats près de Moscou, Stalingrad, Koursk, Leningrad, sur les rives de la Vistule et l’Oder, et, enfin, à Berlin, a prédéterminé la défaite de l’agresseur nazi.
Pour assurer la victoire sur le nazisme, nous avons payé le prix le plus cher de l’histoire – 27 millions de citoyens soviétiques ont péri dans les combats. L’exploit de nos soldats restera à jamais un exemple du service dévoué à la Patrie.
C’est avec un grand regret que nous sommes obligés de constater aujourd’hui l’intensification des tentatives de falsifier l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et de réviser ses résultats universellement reconnus. Dans un certain nombre d’États, il y a ceux qui cherchent constamment à justifier les crimes des nazis et des collaborateurs. Tout cela déforme la vérité historique, causant de graves dommages à la communication interétatique. Et pour cette raison, nous considérons la célébration du 75e anniversaire de la Victoire en tant qu’une occasion de rappeler à nouveau à la communauté internationale les leçons du passé et de protéger la vérité historique de la falsification.
Les patriotes de Russie ont participé aux batailles de la Grande Guerre patriotique. Partout où des gens ont combattu contre les nazis – dans les rangs de la Résistance, dans des détachements partisans – il y avait nos compatriotes. En Yougoslavie, en Italie et en France, parmi les maquisards il y avait 40 000 ressortissants de Russie. De nombreux émigrés russes ont combattu dans des unités régulières des armées des Alliés, y compris en Afrique du Nord.
Les noms russes sont également gravés dans l’histoire de la campagne de Tunisie. Après la défaite des troupes italo-allemandes, nos compatriotes participent au défilé de la victoire à Tunis le 20 mai 1943.
«Le groupe d’intervention russe» avec Vladimir Penyakov en tête est passé de l’Égypte à l’Algérie. Les Arabes, les Berbères, les Touaregs, les Britanniques, les Français et les Polonais faisaient également partie de cette unité spéciale. Grâce à une bonne connaissance des langues autochtones et des conditions de vie dans le désert, ils ont apporté une aide précieuse aux armées des Alliés et ont effectué des raids de reconnaissance derrière les lignes ennemies.
Ce sont les combattants de V. Penyakov qui, lors de la bataille de Tunisie, ont trouvé un passage à travers les monts Matmata et ont aidé les formations de Philippe Leclerc et Bernard Montgomery à contourner la ligne Maret, ce qui a été une contribution importante à l’élimination des forces de l’Axe sur le théâtre d’opérations nord-africain.
Dans ses mémoires sur la guerre, V. Penyakov, décoré par les distinctions de l’URSS, Grande-Bretagne et Belgique, a écrit: “Je ne me faisais aucune illusion que je pouvais influencer le cours des événements, mais c’était en quelque sorte maladroit de rester à l’écart”. En ces mots, on y voit la modestie et la volonté de se sacrifier qui sont propres au peuple russe.
Les émigrants russes ont débarqué sur les champs de bataille en Afrique de différentes manières – ce sont des engagés volontaires de France et ceux qui, par la volonté du destin après la Révolution de 1917, se sont retrouvés en Algérie, au Maroc, en Égypte, ou en 1920 avec l’Escadre russe sont venus à Bizerte. Parmi eux se trouvaient des soldats soviétiques – le commandement de la Wehrmacht a transféré les prisonniers de guerre soviétiques à la construction de routes et de fortifications pour le corps africain du général Rommel. Certains d’entre eux ont pu échapper de captivité et se tenaient sous les bannières des Alliés.
Dans différentes villes de Tunisie se trouvent les tombes de nos compatriotes morts pour une juste cause loin de leur Patrie. Dans l’église orthodoxe russe de Tunis, il y a une dalle de marbre noir avec les mots de reconnaissance aux fils de la Russie tombés aux combats de 1939-1945. Ils sont enterrés dans des cimetières et dans des fosses communes avec des frères d’armes.
Nous sommes reconnaissants aux autorités et au peuple tunisiens pour leur respect de la mémoire commune. Avec nos amis tunisiens et la communauté russe nous avons encore beaucoup à faire pour préserver les sépultures militaires et rechercher de nouvelles preuves de bravoure des fils de la Russie. C’est notre devoir envers la génération des vainqueurs.
Nous célébrons le 75e anniversaire de la Victoire à l’échelle planétaire. Divers événements ont lieu sur tous les continents. A l’initiative de nos compatriotes, les actions «Régiment immortel», «Ruban de Saint-Georges» et «Bougie de mémoire» sont devenues traditionnelles en Tunisie. Elles sont rejointes par des diplômés tunisiens des universités soviétiques et russes, ainsi que par tous ceux qui sont conscients de la nécessité de préserver la mémoire historique.
Les années passent, mais tant que le Régiment Immortel est en marche, la mémoire est vivante.
Joyeuse fête de la Victoire!
Sergey NIKOLAEV, ambassadeur de Russie en Tunisie.