La Fédération nationale du numérique (UTICA) a interrogé les entreprises du secteur numérique (PME, TPE, grandes entreprises, start-up) au sujet de l’impact de la crise sanitaire sur leurs performances économiques et organisationnelles.
Comme toute l’économie, le secteur du numérique est impacté par la crise, et s’organise pour maintenir son activité : les entreprises sont déjà organisées pour assurer la continuité de service de tout l’écosystème.
Les dirigeants du secteur envisagent progressivement une reprise de leurs activités, 75% ont mis en place les mesures d’hygiène nécessaires pour le déconfinement.
Parmi les 62 répondants, 84% ont continué leur activité en télétravail d’une façon normale ou partielle.
Le télétravail au temps du coronavirus
Pour de nombreuses entreprises, il existait une sorte de barrière psychologique à laisser leurs employés travailler à la maison, notamment par crainte d’une baisse de productivité, mais lors de la crise, 84% des entreprises ont opté pour le télétravail, et à présent cette solution montre ses avantages.
L’impact de la crise sanitaire
En termes d’impact sur l’entreprise, 53% des répondants l’ont qualifié comme un impact Fort, 35,5% comme Modéré. Dans la durée 48,5% pense que leur activité serait affectée par la crise temporairement et le même taux de 48,5% pense que l’affectation serait durable.
La profession s’est adaptée du mieux qu’elle a pu à cette période compliquée, mais les difficultés rencontrées étaient très importantes :
- 83% des entreprises ont constaté une baisse de leur chiffre d’affaire, dont au moins 30% seraient impactés à plus de 50% de leur CA. Il y aurait aussi environ 29% des entreprises qui seraient impactés entre 10 et 30% de leur CA.
- 63% ont des problèmes de trésorerie.
- 68% ont constaté une diminution de contrats, projet ou commerce, 39% annulation de contrats ou des ventes, et 24% report de projets.
- 29% auraient carrément fermé leurs entreprises, et 24% ont souffert de l’absence de certains de leurs collaborateurs.
L’impact de la crise sur le capital humain
Comme de nombreux secteurs, le recrutement s’est retrouvé impacté par le Coronavirus. Les entreprises, par cette crise sans précédent, ont été contraintes de définir de nouvelles stratégies, à prioriser, à repenser leurs recrutements à venir en fonction de l’évolution de leur trésorerie et de l’impact direct du Covid-19 sur leurs forces de production. Nous avons interrogé les entreprises du secteur numérique sur leurs plans de recrutement et l’organisation des ressources humaines, les réponses étaient comme suit :
- 54% vont arrêter le recrutement
- 18% vont diminuer le recrutement
- 16% continueront les recrutements
- 38% optent pour la réduction de leurs effectifs.
Les mesures d’aides pour les entreprises
Face à l’épidémie du coronavirus, le gouvernement a mis en place des mesures de soutien immédiates aux entreprises. 21% des sondés ne connaissent pas ces mesures contre 79% qui sont informés, dont 33% ont fait des demandes pour profiter de ces aides.
Par contre, 73% des répondants trouvent que ces mesures ne sont pas pertinentes, contre 25% qui les trouvent en partie pertinentes.
Propositions des entreprises pour les mesures d’aides du gouvernement
- Exonération du paiement de la retenue à la source du moment qu’une entreprise procède aux paiements des salaires,
- Baisse d’impôts pour l’aide à la relance et des crédits à taux faible pour l’investissement,
- Sur le moyen terme, il faut penser à d’autres dispositifs dont la redynamisation de l’économie d’une façon générale qui semble difficile ! Par ailleurs on note les points suivants : revoir les investissements des projets futurs de l’État pour toucher un max d’entreprises PME. Voir dans quelles mesures les opérateurs télécoms peuvent redynamiser le secteur…
- Revoir les dispositifs d’achat par le gouvernement auprès des SSII, faire confiance au tunisiens, mettre en place des partenariats avec des SSII sur la durée,
- Il faut instaurer une stratégie nationale pour encourager les sociétés locales à prendre en charge les grands projets et créer un marché d’emploi qui nous permet de bien payer nos compétences tunisiennes afin de les garder chez nous au lieu qu’elles partent a l’étranger et nous exportons nos solutions numériques,
- dans le secteur du numérique les salaires sont assez élevés par rapport aux autres secteurs, pour permettre aux ESN de garder leur salariés il faut reporter le paiement des charges patronales jusqu’à la fin de l’année,
- L’impact essentiel est lié à la trésorerie, aux retards sur les marchés publics…, une garantie de l’état correspondant au quart du chiffre d’affaire de l’année précédente pour un crédit de trésorerie auprès d’une banque public. Crédit immédiat qui ne doit pas prendre plus de deux semaines,
- Plan de soutien pour le maintient de l’emploi (chômage partiel des cadres, prise en charge des formations pour le personnel en baisse de charge, mise en place de projets structurants pour le pays dans une forme de contrat simplifié permettant d’occuper les ressources).
Sous-secteurs représentés par les répondants
Ingénierie et services numérique : 39%
Intégrateurs et installateurs télécoms : 13%
Ventes et maintenance équipements ou réseaux : 10%
Datacentres et centres de support infrastructure IT : 10%
Plateformes de services à distance : 18%
Distributeurs de téléphone mobile et/ou cartes de recharges : 10%
Centres d’appels et de la relation client : 27.5%
Centres de messagerie à distance : 0%
Autres : 16%.